Au Burkina Faso, les évènements de la nuit du 3 au 4 février dernier sont au cœur des interrogations. Une organisation de la société civile dénonce des exécutions sommaires qui auraient été menées par les forces de défense. La version officielle évoque des représailles après des attaques terroristes. Une enquête a été ouverte.
Polémique autour des opérations militaires menées le mois dernier dans le nord du Burkina Faso. Il y a un mois, l'état-major indiquait avoir neutralisé 146 présumés terroristes dans trois départements du Nord en représailles à des attaques terroristes. Mais des organisations de la société civile mettent en doute ce bilan. Cette semaine, une organisation de la société civile accuse les forces de défense d'avoir procédé à des « exécutions sommaires » les 3 et 4 février dernier, tuant 60 civils.
Chrisogone Zougmore, le président du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, relève plusieurs zones d'ombres dans la version officielle livrée par les autorités : « Le communiqué officiel de l’état-major général des armées nous parle d’affrontements entre les forces de défense et de sécurité et de présumés terroristes. Sur place, nous avons pu démontrer qu’il n’y avait pas eu de combat la nuit du 3 au 4 février 2019. Les témoins nous ont dit que, dans la nuit du 3 au 4, des soldats, des militaires sont arrivés au niveau de leurs différents villages, leur lieu d’habitation, et ont toqué à leur porte. On les a fait sortir, on les a mis à proximité des maisons et ont procédé à leur exécution. Donc, voilà comment ce rapport a été conduit. La preuve, comme je vous l’ai dit, c’est que nous avons ramassé plus de soixante douilles de balles à proximité de ces concessions. »
De son côté, le gouvernement burkinabè rappelle qu'une enquête est en cours pour situer les responsabilités et vérifier si ces faits sont avérés.
« La justice militaire, les inspections des services de l’armée, sont en train de rechercher tout manquement aux principes d’engagement de nos forces de défense et de sécurité, qui auraient pu se faire dans cette zone-là. Je rappelle quand même que notre armée est professionnelle, qu’elle est formée sur les questions des droits humains, les questions notamment de droit international. Donc nous attendons les résultats de cette enquête, et à ce moment-là, nous pourrons ainsi confirmer mes propos. Mais je reste attaché au principe du fait que, pour l’instant, la seule version est la version du gouvernement et celle de l’état-major. Nous réaffirmons donc notre entier soutien et notre entière confiance au professionnalisme de nos forces de défense, dans les missions de protection des populations qui leur sont assignées », nous déclare Remi Dandjinou, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.