Le président français, Emmanuel Macron a quitté l’Ethiopie après une visite officielle. Un voyage au cours duquel un accord de défense a été signé. Il comprend une nouvelle coopération : la France va aider l'Ethiopie à mettre en place en place une marine militaire. Pourtant, l'Ethiopie n'a plus de marine, puisqu'elle n'a plus accès à la mer depuis 1991, et l'indépendance de l'Erythrée, acquise dans la douleur après trente ans de guerre civile.
Le dernier navire de l'ancienne marine éthiopienne, c'était un vieux patrouilleur naviguant jusqu'à récemment sur le lac Tana. C'était le dernier vestige de cette branche des forces armées, qui avait été fondée par l’empereur Hailé Sélassié en 1955. Force dissoute en 1996, après la perte par l'Ethiopie des ports désormais érythréens de Massawa et d'Assab. Par ailleurs, l’Ethiopie n’est pas parvenue à s'entendre avec un autre pays pour pouvoir continuer à naviguer.
Mais les temps ont changé. Désormais, l'Ethiopie « nouvelle » du Premier ministre Abiy Ahmed, qui a fait la paix avec l'Erythrée, entend rebâtir sa marine. Début janvier, un comité d'anciens officiers a donc été mis sur pied et fait des voyages d'études dans plusieurs pays, dont la France. Une loi spécifique a même été votée au Parlement. L'enjeu c'est évidemment d'affirmer de nouveau l'importance des 100 millions d'Ethiopiens en mer Rouge, couloir commercial vital, et dans l'océan Indien, face à l'Iran, l'Arabie saoudite ou aux Emirats arabes unis.
Une implantation à définir
Plusieurs options sont étudiées pour l’implantation de cette marine éthiopienne. On parle de la Somalie, du Somaliland et de Djibouti, bien sûr, la « caserne » de la région comme on dit. Mais l'option la plus sérieuse c'est évidemment l'Erythrée, et Massawa, l'ancien port d'attache de la marine éthiopienne. Problème : Massawa, où se trouve la maigre marine érythréenne, a été sérieusement endommagé par l'Ethiopie lors de la guerre de 1998-2000.
Ce pourrait alors être Assab, plus au sud. Or le port d'Assab est aujourd'hui occupé par la marine des Emirats, d'où elle mène la guerre au Yémen depuis plusieurs années. En tout cas, quelle que soit l'option retenue, la marine éthiopienne opèrera forcément depuis des ports étrangers, et peut-être depuis la très répressive Erythrée avec donc le soutien actif de la France.
► à (ré)écouter: L’économie dans la région frontalière du Tigray