Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé lundi qu’il renonçait à un cinquième mandat, mais il a aussi annulé l’élection présidentielle du 18 avril et promis une transition qui serait menée par une conférence nationale.
Des réformes profondes, une nouvelle République. Dans son message à la nation, lundi, Abdelaziz Bouteflika promet une transition dont l’instrument principal sera une conférence nationale. Objectif : réunir des personnes représentatives de la société algérienne et de ses sensibilités, selon le texte.
A la tête de cette conférence, le président a promis une personnalité indépendante, consensuelle et expérimentée. Cette commission sera chargée de travailler pour modifier la Constitution et préparer la prochaine élection présidentielle.
Mais les contours sont encore trop flous. C’est ce qu’a déclaré Ali Fawzi Rebaine, président d’un petit parti et candidat à cette élection présidentielle annulée. Il souhaite participer, mais beaucoup d’autres acteurs refusent d’en entendre parler.
La Ligue des droits de l’homme par exemple estime dans un communiqué que cette transition sera « pilotée, gérée et conduite par le système autoritaire décrié et rejeté par le peuple ».
« Une manœuvre du clan vouée à l'échec »
Parmi les réactions aussi, celles du Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD). Dans un communiqué, le parti dénonce une « prolongation illégale et indéterminée » du mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Pour le RCD, il s'agit d'« une manœuvre du clan vouée à l'échec ». Le RCD critique le choix d'une voie « à la Kabila en RDC ». Il appelle à la démission du chef de l'Etat et demande la mise en place d'un comité de sages « pour ouvrir une période de transition ».
Pour le Parti des travailleurs, de l’opposition, cette conférence nationale arrive trop tard pour être utile. Désormais, la rue veut aller plus loin, explique Ramdane Taâzibt, membre du bureau politique du PT. « Ces annonces viennent un peu en retard, souligne-t-il. Cela aurait pu avoir un sens si ces propositions avaient été faites il y a plusieurs mois, parce qu’aujourd’hui l’immense majorité de la population réclame qu’il n’y ait pas de cinquième mandat, mais ils demandent aussi que le système parte, c’est-à-dire un processus qui permet réellement à la majorité de la population d’être associée pour dessiner l’avenir de ce pays. »
Par ailleurs, explique Ramdane Taâzibt, membre du bureau politique du PT, « est-ce qu’on peut donner souveraineté absolue à une conférence qui est constituée de personnes qui sont non élues ? Est-ce qu’il n’y a pas tentative de la part du régime de reprendre les choses en main et de contrôler cette période cruciale ? »
Un parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix, craint qu’il ne s’agisse d’une « coquille vide ». La conférence est vouée à l’échec aux yeux du MSP, jadis proche du pouvoir.