La France adopte-t-elle la bonne distance dans son traitement de la crise algérienne ? Après un mois de quasi mutisme, Emmanuel Macron est sorti du silence pour saluer les annonces d'Abdelaziz Bouteflika et demander une transition « raisonnable ». Une position en retrait alors que la contestation a repris de plus belle mardi 12 mars en Algérie. Une position qui divise au sein de la classe politique française.
« Là-dessus, je n'ai pas forcément à chercher à me distinguer de ce que fait le pouvoir actuel. » Le Premier secrétaire du Parti socialiste Bruno Faure, comme le député Les Républicains Damien Abad, sont pour une fois d’accord : sur le dossier algérien, pas de petite politique. « Vous savez, moi je souhaite que la France parle d'une seule voix d'un point de vue diplomatique », dit le second.
Si la discrétion de la diplomatie française depuis le début de la crise algérienne est saluée par l’ensemble de la classe politique, la fin du silence d’Emmanuel Macron a toutefois fait grincer quelques dents. Claude Goasguen, député LR, considère, vu le passé franco-algérien, que l’appel à une transition « dans un délai raisonnable » frise l’ingérence : « C'est limite, c'est limite. »
Moins de pudeur du côté des communistes. Pierre Dharréville est membre du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblee nationale. Il refuse de s’associer aux propos d’Emmanuel Macron : « Le peuple algérien n'a pas besoin de nous pour construire et décider de son avenir et au regard de l'histoire, il faut être très clair sur cette question-là. »
Même tonalité du côté de Mathilde Panot, députée de La France insoumise : « Non ce n'est pas au président de la République de se prononcer sur ces questions-là et je pense que ce serait beaucoup plus son rôle d'écouter ce qu'il se passe, de répondre aux revendications en France que de donner des conseils aux Algériens. »
Décalée, Marine Le Pen s’est de son côté prononcée pour un moratoire sur l’octroi de visas aux Algériens souhaitant venir en France.