L'ancien tout puissant ministre camerounais de la Défense est incarcéré à la prison centrale de Yaoundé depuis le 8 mars. Avant que son épouse, Bernadette Mebe Ngo'o, ne soit à son tour placée en détention, le 10 mars. Ils sont accusés de détournement de deniers publics et corruption par le Tribunal criminel spécial, spécialisé dans les enquêtes anticorruption. Lancée en 2006, la vaste opération Epervier pour la lutte contre la corruption a déjà mis la main sur de hauts cadres camerounais.
Edgar Alain Mebe Ngo'o est notamment soupçonné de détournement et de surfacturations dans des opérations d’achat de matériel militaire auprès de MagForce, un fournisseur français de matériel de sécurité, du temps où il était ministre de la Défense. Ses comptes ont été bloqués. Son épouse et quatre de ses anciens collaborateurs sont aussi en détention provisoire.
Edgar Alain Mebe Ngo’o se retrouve pris dans les filets qu'il avait lui-même contribué à tisser aux débuts de l'opération Epervier, lancée en 2006 quand il était délégué général à la Sûreté nationale. Très proche du président, dont il est neveu par alliance, il a souvent été cité comme dauphin potentiel même s'il s'en défendait auprès de certains proches. Craint, détesté ou admiré, il ne laissait personne indifférent. La presse l'a souvent mis en cause pour son grand train de vie.
Mais pourquoi ces poursuites aujourd'hui ? Est-il victime de ses ambitions, est-il victime d'une guerre de clan ? Lui affirme faire l'objet de « persécutions ». « Tout est possible », analyse une personnalité de la société civile qui conclut : « Le grand politicien qu'est le président Paul Biya n'agit jamais sous pression. La loi c'est lui. Le temps c'est lui ».