Plusieurs dizaines de Tunisiens et Algériens ont chanté et scandé des hymnes contre le cinquième mandat du président Bouteflika. La semaine dernière, les autorités avaient interdit les rassemblements et réprimés un mouvement initié par des Algériens de Tunisie. Pour leur première mobilisation tolérée, les manifestants se sont rassemblés dans une ambiance bon enfant.
Guitare, pancartes, drapeaux, chants, slogans, dessins… La petite centaine de manifestants pacifiques ne s’est pas déplacée les mains vides. Algérien, Salim est venu avec un dessin représentant un portrait du président algérien en train de s’autodétruire : « Bouteflika chez nous on le représente aujourd’hui à travers un cadre. Puisqu’on ne le voit plus. L’iconographie du cadre a vraiment pris de l’ampleur, donc j’ai utilisé l’oeuvre de Bansky pour dire que Bouteflika il est fini. »
Pour Sofiene, lui aussi installé en Tunisie, ce rassemblement est un moyen de communier à la mobilisation qui secoue sa terre natale : « Et là, actuellement on va vers une autre Algérie, une Algérie moderne, démocratique, une Algérie nouvelle. Quand on voit tout ce qui se passe, moi personnellement j’ai pleuré. »
Quelques dizaines d’Algériens seulement se sont joints au mouvement, sur les 20 à 30 000 ressortissants présents en Tunisie. Pas si étonnant selon Alaa Talbi, directeur du Forum tunisien des droits économiques et sociaux : « On sait très bien que l’ambassade d’Algérie en Tunisie a ses canaux ici. Et ces Algériens ont peur qu’il y ait des poursuites, y compris le non renouvellement de leur titre de séjour. »
Pas d’engouement non plus au sein de la population tunisienne. Vous savez très bien que les Tunisiens ont souffert du chaos en Libye. Donc ils ont peur qu’il y ait un autre chaos en Algérie. Syndicaliste et féministe tunisienne, Leila est venue par solidarité avec ses voisins algériens mais ne cache pas ses craintes : « On a peur pour eux parce qu’ils ont une richesse en gaz naturel. Ce qui fait couler la salive des Européens et des Américains donc on craint pour eux. »
Pour l’heure en Tunisie, aucune voix politique officielle n’a commenté la mobilisation qui secoue l’Algérie avec laquelle le pays partage 1000 kilomètres de frontière.
→ RELIRE : La diaspora algérienne en France au diapason avec ce qui se passe en Algérie