La tension était vive entre le Kenya et la Somalie depuis trois semaines, Nairobi accusant Mogadiscio d’avoir mis en vente des concessions pétrolières dans une zone maritime revendiquée par les deux pays. Mais les présidents Kenyatta et Farmajo se sont rencontrés mercredi matin à Nairobi à l’initiative du Premier ministre éthiopien et se disent prêts à calmer le jeu.
Le Kenya et la Somalie semblent prêts à enterrer la hache de guerre. Selon Mogadiscio, les deux pays sont d’accord pour relancer leur relation et favoriser une désescalade.
Selon Abdinur Mohamed, directeur de la communication à la présidence somalienne, les deux voisins vont également reprendre leurs relations diplomatiques. Le Kenya avait en effet rappelé son ambassadeur à Mogadiscio et expulsé le représentant somalien. En revanche, on ne sait pas si la Somalie va retirer sa plainte déposée auprès de la Cour internationale de justice pour régler son litige frontalier avec le Kenya.
Abiy Ahmed joue les pacificateurs régionaux
En tout cas, le mérite de la rencontre de mercredi revient au Premier ministre éthiopien, déjà auréolé de prestige depuis la paix conclue avec l’Erythrée l’an dernier.
En moins d’une semaine, Abiy Ahmed a multiplié les contacts régionaux dans un rythme effréné. Il a même emmené le président somalien au Soudan du Sud de façon impromptue. Pris au dépourvu, le président Salva Kiir a dû interrompre une tournée dans le pays pour les recevoir.
« En moins d’un an, Abiy Ahmed est devenu indispensable pour régler les problèmes régionaux », a réagi le chercheur Rashid Abdi.
Pour autant, les observateurs émettent quelques réserves. D’abord, les négociations se sont déroulées dans l’opacité la plus totale. Ensuite, Abiy Ahmed voit son image de pacificateur écornée par les conflits ethniques en Ethiopie. « Il n’essaie pas de jouer un rôle similaire dans son propre pays. Une médiation est absolument nécessaire », a déclaré Felix Horne, de Human Rights Watch.