L'ancien président des Seychelles, France-Albert René, est mort le mercredi 27 février au matin à l'âge de 83 ans dans un hôpital de la capitale de l'archipel où il était traité pour des troubles respiratoires. Celui qui avait été le premier chef du gouvernement des Seychelles après l'indépendance a surtout laissé dans son pays le souvenir d'un président tout-puissant qui a gouverné le pays de 1976 à 2004 et qui a quitté la scène pacifiquement.
C'est le fantôme d'un drôle de passé qui s'est éteint aux Seychelles. Retiré de la vie politique après sa démission surprise en 2004, Albert René vivait reclus dans son domaine de l'île de Mahé, faisant parfois une apparition à la télévision, pour évoquer des souvenirs ou une recette de cuisine originale. En chemise à manches courtes, affable mais caractériel, le vieux « Ti France » comme on l'appelait était toujours détesté par les uns, mais adulé par les autres.
Autocrate sans scrupules
Car celui qui avait été d'abord l'avocat des pauvres s'était vite transformé en autocrate sans scrupules. En 1976, alors Premier ministre du très mondain James Mancham, surtout connu pour ses smokings et sa Rolls bleue décapotable, il avait pris le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat d'une nuit, avec l'appui du FLN algérien et de la Tanzanie de Julius Nyerere. Puis, suivant l'air du temps, il avait certes éradiqué la grande pauvreté, mais aussi imposé dans la douleur le parti unique et le collectivisme.
Coups d'Etat ratés
Pendant la Guerre froide, il avait échappé à des coups d'Etat ratés fomentés par la CIA ou l'Afrique du Sud de l'apartheid. Et cela jusqu'au retour progressif du multipartisme, au début des années 90, sous la pression internationale, puis sa retraite au profit de son dauphin, le réformiste James Michel.