En Algérie, des milliers d'étudiants ont manifesté dans tout le pays, lundi 26 février, contre un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Face à cette mobilisation inédite, les autorités appellent à la vigilance et affirment que le président maintient sa candidature.
Le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, a annoncé ce mardi que le président déposerait bien sa candidature, dimanche 3 mars, à la date limite prévue par la loi. Il a ajouté que personne ne pouvait s’opposer à cette candidature et qu’il fallait trancher par le vote. « Voulons-nous consacrer le système républicain ou voulons-nous un autre modèle de gouvernance populiste ? » a-t-il lancé.
La deuxième mise en garde est venue du chef d’état-major, Ahmed Gaid Salah. Dans un message diffusé à la télévision, ce dernier dénonce « des appels douteux […] qui ne servent pas l’intérêt du pays » et « poussent des Algériens vers l’inconnu ». Pourtant mardi, les manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays se sont déroulées dans le calme.
S’il y a eu des arrestations dans la capitale, mais aussi des échauffourées à Alger, cela concerne quelques dizaines de personnes, alors qu’ils étaient des milliers d’étudiants dans les rues, à l’est, à l’ouest, dans le sud du pays, à l’appel des réseaux sociaux. L’autre fait notable, c’est le fait que la télévision nationale et la radio nationale ont évoqué ces manifestations, ce qu’elles n’avaient pas fait vendredi dernier, et ce qui avait provoqué des protestations de la part des journalistes.
Les réseaux sociaux au cœur des manifestations
Les réseaux sociaux du pays, largement fréquentés par une jeune génération de connectés qui militent contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, sont en train de devenir les principaux vecteurs de la protestation. Selon les derniers chiffres connus sur le développement des télécoms, l’Algérie comptait en 2018 quelque 21 millions d’internautes, soit près de la moitié de la population.
L’arrivée de la 4G a grandement accéléré les possibilités de connexions et multiplié le nombre des utilisateurs de la Toile algérienne, qui seraient désormais environ 19 millions à surfer principalement à l’aide de leurs smartphones. Facebook, Twitter, ou encore Instagram sont les réseaux sociaux qui se sont imposés ces dernières années comme sources d'informations de « proximité » et d'« instantanéité » dans le pays. Ce mardi, les étudiants sont descendus dans les rues des grandes villes d’Algérie en répondant aux appels lancés, notamment par les comptes Facebook « 1.2.3 viva l'Algérie » et « Non au cinquième mandat ».
Malgré un accès internet fortement limité par les autorités et des coupures fréquentes dans les régions d’Alger, Tizi-Ouzou ou Blida, les protestataires sont parvenus à coordonner leurs marches en utilisant aussi leur smartphone pour retransmettre en quasi direct sur les sites relais de la diaspora algérienne, les vidéos de ces manifestations. Des dizaines de milliers de caméras mobiles qui témoignent aujourd’hui de la crise politique que traverse le pays, et montrent des forces de l’ordre, souvent dépassées par l’ampleur de la contestation.