A Madagascar, depuis samedi 23 février, pour la sixième année consécutive, la capitale malgache accueille son festival de hip-hop. breakdance, hype, poppy… durant quatre jours, Antananarivo va vibrer au rythme de tout un tas de styles musicaux et permettre au grand public de découvrir cette culture urbaine pratiquée par un petit nombre d’initiés.
Après des démonstrations de freestyle dans la rue, des ateliers pour apprendre les mouvements de base en compagnie de champions du monde de la discipline et des battles, la journée de samedi s’est clôturée par une performance sur la scène de l’Institut français de Madagascar où trois pièces ont été interprétées par trois compagnies. Cela, pour montrer que la création hip-hop n’est pas qu’une histoire de rue.
Entre les fresno, les wave ou les freeze, la gestuelle typique du hip-hop, les danseurs ont donné à voir des chorégraphies pleines de délicatesse et de poésie. Pleines d’émotions aussi.
Dans la salle, le public jubile. Njara Rasolomanana est le fondateur du festival Ambony Ambany. Son ambition est de faire découvrir un art, loin des clichés traditionnels d’une danse martiale, dite « de lascars », et de rappeler, une bonne fois pour toutes, qu’il existe une vraie culture hip-hop malgache.
« Nous, on danse un peu différemment. C’est très difficile de l’expliquer, mais quand les étrangers viennent ici, quand ils voient les danseurs malgaches, ils disent qu’il y a une touche malgache », raconte-t-il avant de préciser ce qu’est cette touche malgache.
« C’est une attitude ! Par exemple, moi, je suis de la tribu Merina [des Hauts Plateaux] et donc, la danse traditionnelle de ma tribu apparaît dans mon hip-hop à moi. On utilise beaucoup les épaules, comme ça, tu vois, et chaque mouvement que je fais, même si je fais du Harlem Shake, je mets un peu d’épaules qui bougent à la façon malgache », explique Njara Rasolomanana.
Bandana vissé sur la tête, t-shirt ample, Latifah, 20 ans, sort de la salle de spectacle le visage rayonnant. Celle qui a découvert la danse sur l’esplanade de sa mairie, à Fianarantsoa, il y a 11 ans, croit au développement de cette culture urbaine sur l’île.
« Moi, j’ai eu la chance de pouvoir voyager dans beaucoup de villes du pays et j’ai vu pas mal de danseurs hip-hop, partout, partout, surtout dans la rue. Le problème, c’est qu’il n’y a pas encore trop de moyens et donc, en tant que danseurs, nous n’avons pas accès à des lieux pour nous, pour pouvoir nous entraîner », regrette-t-elle.
Une culture encore en manque de reconnaissance dans un pays où les danses traditionnelles restent fortement ancrées, mais qui a tous les talents pour pouvoir se développer.