Le très sérieux Observatoire de la vie publique, SeFaFi en malgache, a publié vendredi son recueil annuel de communiqués. C'est un concentré de textes argumentés, souvent au vitriol, qui dénoncent les errements des dirigeants politiques et pointent du doigt des décisions, lois ou projets qui contreviennent à la notion même de bien commun. 2018 aura évidemment été marquée par l’élection présidentielle, ses préparatifs, ses deux scrutins, et bien sûr, son processus décrié de dépouillement. Bilan de l’année écoulée et perspectives pour celle à venir.
Lois électorales, plafonnement et transparence des dépenses de campagne, liste électorale : autant de sujets que le SeFaFi a passé à la loupe et a commenté l’an passé. Par ailleurs, l’organisme de la société civile s’est particulièrement fait remarquer en étant le seul à parler « d’année électorale gâchée » car entachée d’irrégularités … et de fraudes.
Une démarche pourtant « indispensable », explique à RFI Annie Rakotoniaina, l’une de ses membres. « Le jour où tout le monde décidera de se taire sur cette question, on fera la part belle aux fraudeurs. C’est la raison pour laquelle on SeFaFi, même si on avait une petite voix discordante par rapport à l’ensemble, nous avons tenu à parler de ces fraudes.
Les requêtes dans leur majorité ont été déclarées irrecevables ou non fondées par la HCC. Je pense que c’est surtout la préparation des dossiers et la collecte des éléments de preuves [qui ont conduit à cette décision]. Mais cela ne signifie pas, pour nous, qu’il n’y a pas eu d’anomalie. Et ces anomalies, il faut absolument arriver à les corriger, en vue des prochaines élections. »
Pour 2019, on promet déjà d’être vigilant sur deux points majeurs nous précise Ralison Andriamandranto, autre membre du SeFaFi : « Il faut absolument que Madagascar éradique la culture de l’impunité. Un fléau à la fois culturel mais aussi lié aux pratiques de ceux qui détiennent le pouvoir. Il y a eu des arrestations un peu spectaculaires contre des gens récemment, notamment accusés de trafic de bois de rose ou de trafic d’influence auprès des services des douanes. C’est une bonne chose, maintenant il faut aller plus loin : il faut vraiment sévir contre tous les gens qui se sont livrés à tous les trafics. S’occuper d’autres contrevenants et aller vraiment au bout des procès et sanctionner.
Un autre point aussi qui nous semble important, c’est ce que nous on appelle la culture de la compétence. L’actuel régime a commencé à abroger la nomination des ambassadeurs et des consuls. Maintenant, il faut nommer les successeurs, et là il faut trouver les vraies compétences, aller au-delà du népotisme et du favoritisme et du petit cercle des partis politiques. »
D’ambitieux chevaux de bataille, en somme, pour ces observateurs attentifs de la vie publique.