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Soudan: le mouvement de manifestation et sa répression s’accentuent

De nouvelles manifestation anti-régime se sont déroulés jeudi 14 février à Khartoum. Selon plusieurs témoins, ils étaient plusieurs centaines dans le centre de la capitale à appeler à la démission du président Omar el-Béchir. La veille, plusieurs mouvements – société civile, partis politiques et syndicats – avaient lancé un appel conjoint à se rassembler pour faire tomber le régime. Une première depuis le début de la contestation il y a deux mois.

Ils étaient plusieurs centaines à s’être rassemblés au marché central d’al-Souk al-Arabi dans le centre de Khartoum. Les manifestants ont tenté de rejoindre le palais présidentiel à quelques encablures au nord, tout en scandant « liberté, paix, justice ».

Ils ont rapidement été dispersés par la police anti-émeute qui a eu recours au gaz lacrymogène, explique ce manifestant qui a souhaité garder l’anonymat.
 
« Les forces de sécurité ont attaqué les manifestants avec beaucoup de violence, plus que d’habitude. Ils tapaient les gens. J’ai vu de mes propres yeux, des gens se faire arrêter… Les forces de sécurité ont interpellé plus de 200 personnes sur la place Abu Jinzeer. Ils les ont mis dans des bus et les ont envoyés à Barhi, un quartier au nord. Ils arrêtaient les gens de façon aléatoire, mais ils cherchaient les leaders. »

Dangereux aussi pour les journalistes

Parmi les centaines de manifestants arrêtés se trouvent de nombreux journalistes. Selon l’organisation Reporters sans Frontières, plus de 75 journalistes ont été interpellés depuis le début du mouvement il y a deux mois. Pour Mohamad Al Asbat, porte-parole en France de l’Association des professionnels soudanais, principal organisateur de la contestation, la presse est particulièrement visée par les autorités.

« Pour les forces de sécurité, les journalistes qui couvrent les manifestations sont tout aussi dangereux que les manifestants eux-même parce qu’ils rapportent ce qu’il se passe dans le pays. Des choses que les autorités ne veulent surtout pas que la communauté internationale entende. C’est très difficile pour les journalistes. Très souvent, ils sont arrêtés, battus, et si la police ne trouve rien contre eux, ils sont relâchés le soir même. »

Selon plusieurs témoins, les manifestants étaient plus nombreux que d’habitude,  confortés par l’appel lancé la veille par plusieurs mouvements de la société civile, partis politiques et syndicats.

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