« Il y a trois ans, on croyait l’esclavage révolu. Et puis il y avait cette vidéo de CNN sur des Noirs vendus en Libye… » L’île de Tromelin se trouve à l’autre bout de l’Afrique, l’histoire tragique de ses esclaves date du XVIIIe siècle, et pourtant, elle reste d’actualité pour comprendre les limites de l’humanité. Depuis 2006, Max Guérout du Groupe de recherche en archéologie navale (Gran) et Thomas Romon de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) étudient le destin tragique de 80 esclaves laissés pratiquement sans vivres sur ce petit îlot désert d’un kilomètre carré, au large de Madagascar. À partir du 13 février, le musée de l’Homme à Paris met en lumière une véritable archéologie de cette histoire de l’esclavage et du colonialisme. L’exposition « Tromelin, l'île des esclaves oubliés » fait parler de nombreux objets et indices trouvés, découverts, déterrés, recollés ou reconstitués lors de missions sous-marines et terrestres. Un polar scientifique qui nous révèle l’histoire longtemps oubliée de cette île française et de ces naufragés ainsi que ses répercussions dans le monde d’aujourd’hui. Entretien croisé.