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En RDC, les médias espèrent une renaissance à la faveur de l’alternance

Depuis l'investiture de Félix Tshisekedi, les revendications sociales se multiplient, c'est notamment le cas dans le secteur des médias. Félix Tshisekedi s'était engagé à faire de la presse un quatrième pouvoir.

Les journalistes de Télé 50, proche de l'ancien président Joseph Kabila, ont décidé de se mettre en grève lundi pour réclamer des arriérés de salaire. Ceux de la RTVS1, une chaine proche de l'ancien Premier ministre et opposant Adolphe Muzito aussi. Les organisations de défense de la presse, UNPC et JED, ont décidé d'organiser dans les prochains jours un atelier pour préparer des propositions concrètes qui seront adressées au nouveau président…

Severin Bamanyi est professeur de journalisme à l'université. Il en voit passer des jeunes qui veulent devenir reporters. Lui-même ancien patron de presse, il est lucide sur l'état de la profession : c'est l'ultra-précarité, et la difficulté de résister aux pressions. « Ces entreprises de presse n'ont d'entreprises que le nom. Ce ne sont pas des entreprises qui répondent à des critères de rentabilité, de traçabilité, de redevabilité. Il n'y a pas de contrat. Ce qui fait que les jeunes journalistes sont livrés à eux-mêmes. Et très souvent, celui qui lève le moindre ton est révoqué », regrette l'enseignant.

Au Congo, les patrons de presse sont souvent des hommes politiques et quand ils ne le sont pas, les journalistes n'ont d'autres moyens pour survivre que d'accepter le « coupage », l'argent distribué en conférence de presse. Pour Tshilunde Kasonga, président de l'Union nationale de la presse congolaise, l'un des moyens d'y remédier, c'est déjà de faire respecter la loi. « La première des choses, c'est que l'on accorde des avantages à la presse. Les aides directes, indirectes prévues dans la loi. A partir de ce moment-là, il est plus facile que nous puissions convaincre les patrons de presse de signer des contrats avec leurs employés et que les journalistes puissent travailler dans la sécurité sociale. »

Pour « ne pas accabler le nouveau pouvoir », Tshilunde Kasonga dit préférer aux « grèves intempestives » l'organisation d'une table ronde pour trouver des solutions pour toute la profession.

Félix Tshisekedi s'était engagé lors de son discours d'investiture ou encore tout récemment à Nairobi à faire de la presse un quatrième pouvoir. Pour le secrétaire général de Journalistes en Danger, il est important de donner corps à cette promesse en mettant en oeuvre toute une série de réformes urgentes.

La question de la dépénalisation des délits de presse est pour nous primordiale […] La première source pour un média, c’est la publicité. Or ici elle est presque inexistante. Il faut rendre effectives les aides directes et indirectes à la presse et l’environnement politique et économique qui permette à ces médias de pouvoir gagner de l’argent.
Tshivis Tshivuadi (JED)
12-02-2019 – Par RFI

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