La campagne électorale nigériane touche à sa fin. Atiku Abubakar, le principal candidat de l’opposition, multiplie les promesses. Face à lui, le président sortant, Muhammadu Buhari, vante son bilan… Un mandat pourtant écorné par une crise sécuritaire profonde : les affrontements réguliers entre agriculteurs et éleveurs. Vue depuis l’Etat de Kano (nord), cette crise suscite critique et scepticisme. Notamment dans le village de Kura, où la médiation des sages évite les conflits.
Kura vit principalement de l’agriculture. Ici, on est paysan de père en fils. Et on cultive surtout de la tomate et le riz. Dans ce village, on est fier d’une chose : la bonne cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, qui sont présents de manière ponctuelle, en saison des pluies. Les éleveurs viennent notamment profiter des points d’eau pour nourrir leur bétail.
Muhaddir Nasir est membre du conseil des sages de Kura. Emmitouflé dans un boubou ample et un foulard épais sur la tête, ce notable assure que tous les incidents entre éleveurs et agriculteurs sont réglés à l’amiable. « Lorsqu’un incident se produit, nous convoquons toutes les parties impliquées. Nous leur demandons de se calmer. Nous évaluons l’ampleur des dommages et demandons aux éleveurs de compenser les paysans. En général, tout le monde se plie à nos recommandations. »
Dans le village de Kura, la loi du consensus règne en maître. Ismail Salisu est agriculteur. Cet homme d’une cinquantaine d’années voit d’un œil distant les affrontements réguliers entre éleveurs et agriculteurs, qui se produisent notamment dans les Etats de Kaduna, de Jos et de Benue.
« Cette crise est alimentée par certains leaders politiques. Ils arment des milices qui sèment le désordre et servent leurs intérêts ». Malgré cet avis critique envers la gestion de cette crise, cet agriculteur voue une admiration sans faille au président sortant… Comme tant d’autres de son village, Ismail Salisu voudrait donner une seconde chance à Muhammadu Buhari.