Ces derniers jours dans le Nord, Kano, seconde ville du Nigeria, vibre au rythme des meetings : gouverneurs, sénateurs, groupes d’influences, tous défilent dans les lieux publics pour vanter les mérites d’Atiku Abubakar pour les uns, de Muhammadu Buhari pour les autres. Deux têtes d’affiches qui partagent de nombreux points communs : ils sont tous les deux musulmans, Fulani et originaires du Nord. Comment les électeurs, qui en 2015 avaient massivement plébiscité Muhammadu Buhari dans cet Etat, vont-ils se comporter ? Les avis restent partagés.
A Kano, Muhammadu Buhari jouit d’une grande popularité. Son visage apparaît sur les affiches placardées à chaque coin de rue. Il a inauguré de nombreux chantiers, comme la route qui mène à Kaduna et à Abuja. Sans compter la politique de soutien envers les agriculteurs, qui semblent satisfaits de son bilan. Parmi les jeunes, on admire surtout son image.
« Grâce à lui, notre pays est sur la bonne voie, raconte un pro-Buhari. Il a encore besoin de temps pour continuer à tout remettre en ordre. C’est un homme intègre et c’est pourquoi je lui fais confiance. »
Mais le bilan du président sortant est loin de faire l’unanimité. Atiku Abubakar parvient de son côté à convaincre des électeurs, lassés par la lenteur des réformes tant promises par Muhammadu Buhari. Comme l’explique cet étudiant à l’université de Kano : « J’ai constaté de nombreuses erreurs commises sous l’administration de Buhari. Je pense qu’Atiku peut faire beaucoup mieux pour notre pays. Nous avons besoin d’un changement. Par ailleurs, Buhari a besoin de temps et de repos pour suivre son traitement médical ».
Comme le reste du pays, le vote de ce samedi pourrait bien être serré dans cet état clé.
■ Analyse des enjeux de Kano
Originaire de l’Etat de Katsina (nord), Muhammadu Buhari mise beaucoup sur les Etats du Nord pour assurer sa réélection. Avec un Etat stratégique en ligne de mire : Kano, avec ses 5,5 millions d’électeurs. Malgré un bilan en demi-teinte, l’image du président semble rester intacte auprès de nombreux habitants. Ce qui compte dans cette région, c’est beaucoup plus une question de personnalité que de programme. C’est l’avis Zakari Yusuf, observateur de la vie politique à Kano.
« Ici, les masses d’électeurs ont toujours en mémoire les élections de 2015. C’est leur vote qui sera déterminant. On observe une attirance générale de ces masses pour Muhammadu Buhari. C’est une affection naturelle exprimée par ces masses. Beaucoup de gens sont en colère contre sa politique. Les gens s’appauvrissent de plus en plus.
Mais malgré toutes les critiques que l’on entend sur Muhammadu Buhari, cela n’entame pas cet amour des masses populaires pour ce candidat. Cela ne les empêche pas de voter pour lui pour un second mandat.
Les deux principaux challengers de ce scrutin sont tous les deux des Fulanis, issus du nord du pays, tous les deux sont musulmans. Mais ce qui va les départager, ce sera l’ampleur de cette attirance pour le personnage de Muhammadu Buhari. »