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Menaces sur les litchis malgaches

Il n’est pas gros mais son parfum et ses arômes le différencient des autres origines. Le litchi de Madagascar, fruit incontournable des tables des fêtes de fin d’année des familles européennes, finit sa saison. L’heure est désormais au bilan et celui-ci est mitigé. Certes, avec plus de 16 000 tonnes exportées, les exportateurs malgaches ont conservé leur rang de premier fournisseur des pays de l’Union européenne, mais ont enregistré un manque à gagner estimé à au moins 20 %. La raison : les consommateurs, eux, ont boudé le petit fruit à coque cette année. « Pas assez sucré », « pas d’assez bonne qualité. »

Fin de campagne de commercialisation pour les litchis de Madagascar. Le produit vient d’être retiré de la plupart des linéaires de la grande distribution en Europe. Malgré une chute des cours, liée à la piètre qualité des fruits vieillissants, difficile d’écouler la marchandise.

En France, en Belgique, en Allemagne, ou aux Pays-Bas, c’est le même constat : une fois les fêtes de Noël passées, les stocks de litchis malgaches n’ont pas trouvé d’acheteurs. Les volumes en provenance de l’Afrique du Sud ou du Mozambique, issus d’arrivages plus récents, constituent une réelle concurrence pour les produits malgaches.

Cueillis mi-novembre avant leur maturation totale, puis embarqués dans la foulée par bateau pour être transportés vers les pays du Nord, et arriver sur les marchés deux semaines avant Noël, « les litchis n’étaient gustativement pas bons », admet l’un des cinq principaux exportateurs du pays. « Mais les importateurs voulaient remplir les conteneurs ; ils ont donc accepté ce paramètre en toute connaissance de cause », poursuit-il.

Cependant, le danger guette. Pour cet agronome spécialiste du litchi malgache qui souhaite lui aussi rester anonyme, il existe une vraie déconnexion entre le fruit et la logistique. « En décrétant que le litchi était un fruit festif, explique-t-il, le marché a imposé le calendrier. Mais les végétaux, eux, ne sont pas basés sur un calendrier ! Aujourd’hui, ce n’est plus la récolte à maturité qui est privilégiée, mais la date du chargement du bateau ! »

Cueillir moins et privilégier la maturité du fruit, cesser de maintenir les mêmes volumes d’années en années, accepter les aléas causés par le changement climatique, promouvoir la recherche sur de nouvelles variétés plus résistantes, renouveler les arbres vieillissants des petits producteurs… De l’avis des deux interviewés, si une vraie réflexion autour de la filière n’est pas amorcée rapidement, la Grande île pourrait perdre à court terme son rang de 1er producteur mondial de l’hémisphère sud. Et perdre surtout bon nombre de consommateurs du petit fruit rosé malgache.

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