Dans le procès des deux experts des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC), Jean Bosco Mukanda qui était, jusqu’à présent, entendu comme témoin est désormais prévenu. Les experts de l'ONU, Zaida Catalan et Michael Sharp, avaient été tués le 12 mars 2017 dans la région du Kasaï. Un procès a commencé quelques mois plus tard, avec un témoin clef : Jean Bosco Mukanda, enseignant mais aussi ancien chef de milice Kamuina Nsapu et informateur de l'armée congolaise, à en croire les procès-verbaux d'instruction. Ce lundi 11 février, la justice militaire congolaise a donc décidé de le placer sous le statut de prévenu.
Jean Bosco Mukanda figure désormais sur la liste des prévenus dans le procès des experts des Nations unies, tués au Kasai. L'auditeur militaire le considère comme un personnage central, ayant joué, selon lui, un rôle en amont, au centre et en aval de cette affaire. Le lieutenant-général Tim Mukuntu estime donc que ce changement de statut va permettre de faire avancer le procès.
« Au regard de toutes les relations qui ont été faites, au regard de toutes les accusations qui ont été portées contre Jean Bosco, nous avons estimé que Jean Bosco était le personnage central qui a agi aussi bien en aval, au centre qu’en amont. Il a échangé avec pratiquement la plupart des acteurs clés et c’est donc une piste que nous poursuivons. Mais pour une meilleure administration de la justice, il fallait que dès maintenant, nous puissions transformer Jean Bosco en prévenu car en effet, nous pouvons ainsi confronter Jean Bosco à certaines donnés, à certaines déclarations, chose que nous ne pouvons pas faire s’il garde le statut de renseignant [témoin qui ne prête pas serment]. Un prévenu, nous l’interrogeons, nous le confrontons à d’autres témoins, nous le confrontons aux relevés des téléphones, nous le confrontons à toutes les données que nous avons », a-t-il expliqué.
Cette décision a été accueillie avec satisfaction du côté des avocats des accusés. Maître Trésor Kabangu demandait depuis longtemps que Jean Bosco Mukanda soit entendu non pas comme témoin, mais comme prévenu.
« C’est la satisfaction, vraiment. La défense va apporter des éléments de preuves justifiant la manipulation dont nos clients ont été l’objet. Cela va apporter la vérité », a-t-elle déclaré.
L'avocat espère que la même décision sera prise pour d'autres témoins, notamment des chefs coutumiers et des responsables militaires congolais, pour qu'ils soient eux aussi considérés comme des prévenus dans ce procès.