Au Nigeria, les électeurs seront appelés à voter samedi 16 février. Parmi ces électeurs, de nombreuses personnes qui ont fui l’insécurité dans le nord-est du pays. En 2015 de nombreux déplacés n’avaient pas eu le temps de faire les formalités pour pouvoir voter près des camps où ils sont logés. Depuis, la situation n’a quasiment pas évolué et ces familles vivent toujours dans la précarité. Reportage dans un camp de déplacés, tous originaires de Gwoza (dans l’Etat de Borno), établi dans la périphérie d’Abuja.
Ce sont des abris de fortune, faits de sacs de riz. Des enfants se chamaillent, sous les yeux épuisés de leurs mères. Les élections sont loin d’être un sujet de discussion.
Malgré l’échec du président sortant à rétablir la sécurité dans le nord-est du pays, les déplacés continuent de croire que leur situation n’est que temporaire. « Je vais voter ici. J’espère que les politiques vont venir nous voir et je prie pour que la sécurité revienne à Gwoza », raconte Habsat Ahmad, une enseignante bénévole.
Contrairement à l’élection de 2015, cette fois-ci les cartes d’électeurs des déplacés ont pu être collectées à temps. Assurance donnée par Hammadinia Hammajoda, un étudiant reconverti en moto-taxi : « Une organisation est venue nous sensibiliser sur l’importance du vote. Nous nous sommes donc tous enregistrés et nous irons voter. »
Ce camp vit essentiellement de dons. Mais les besoins sont loin d’être comblés. Isa Umar, l’infirmier du camp, a le sentiment que les déplacés sont délaissés des pouvoirs publics. « Il n’y a pas de médicaments ici. Le mois dernier, je manquais de paracétamol. J’ai dû couper les derniers comprimés pour les partager entre les enfants malades au poste de santé. Seul Dieu a sauvé les gens ici. Mais les politiques… personne n’a fait le déplacement ici. Nous sommes pourtant des êtres humains, et nous sommes Nigérians, nous ne sommes pourtant pas des étrangers. »
Comme tant d’autres déplacés de Gwoza, cet infirmier ira voter dans un centre de vote, aménagé près d’une zone commerciale.