L’avion de l’ancien président Abdoulaye Wade a atterri jeudi après-midi 7 février à Dakar, à quelques jours de l’élection présidentielle. L’homme n’était pas revenu dans son pays depuis près de deux ans. L’ancien chef de l’Etat compte mobiliser l’opposition afin de reporter l’élection. Il a dénoncé l’absence de son fils Karim Wade et de Khalifa Sall du scrutin du 24 février dans une déclaration vidéo diffusée en début de semaine. Près de 500 militants du Parti démocratique sénégalais sont venus pour l’accueillir au pied de l’avion.
Pendant près d’une heure, Abdoulaye Wade improvise un discours en wolof, la langue comprise par la majorité des Sénégalais. Une attaque en règle du président Macky Sall, traité de voyou par la foule
La plupart sont des fidèles du « Vieux », le surnom de l’ancien chef de l’Etat. « Ce qui nous manquait au PDS, c'est un leader. Il est là et il a donné un message fort. Ce message, c'est de dire qu'un candidat qui se dit "je vais aller aux élections dans ces conditions-là" est en train de se suicider », estime cet homme.
Tous les Sénégalais présents ne voient pas d’un bon oeil son retour : « Ils sont venus ici pour nous emmerder. On le connaît. C'est un vieux. Il n'a qu'à aller dormir. »
Un ancien président est très en forme, assure pour sa part Amadou Sall, cadre du PDS : « J'ai retrouvé le Abdoulaye Wade en 1974. Le même enthousiasme. La même disposition pour aller au combat pour l'élargissement des espaces de liberté et le renforcement de la démocratie. »
Abdoulaye Wade va devoir maintenant discuter avec les candidats de l’opposition qui ont accepté les modalités du scrutin. Quatre candidats qui n’ont pas l’intention de cesser leur campagne.
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« La meilleur arme, c'est le vote »
Côte société civile, Fadel Barro, coordinateur du mouvement de contestation pacifique Y’en a marre, s’oppose catégoriquement au boycott souhaité par l'ex-président Wade.
« Le mouvement Y'en a marre n'a jamais boycotté d'élection, ce n'est pas aujourd'hui qu'on va commencer. En 2012, après toutes les confrontations qu'il y a eu autour du troisième mandat d'Abdoulaye Wade, quand une partie de l'opposition avait estimé nécessaire de boycotter, le mouvement Y'en a marre avait dit qu'il ne boycotterait pas », rappelle le militant.
« On aurait bien aimé que ce soit Karim Wade qui vienne se défendre sur le terrain et se battre, avec nous, pour essayer de boycotter ou d'empêcher l'élection de se tenir, mais on ne peut pas mettre un vieux qui a tout donné pour la démocratie sénégalaise mais qui, aujourd'hui, au lieu de se reposer, vient se battre parce que son fils est exclu de l'élection – alors que son fils lui-même n'ose même pas venir mener le combat.
Il est clair que la stratégie du boycott, au bout du compte, n'avantage que le parti au pouvoir. On soupçonne qu'ils ont fait des magouilles, qu'il y a une entente secrète entre les deux [Abdoulaye Wade et Macky Sall] pour qu'Abdoulaye Wade boycotte et que, comme ça, il affaiblit le taux de participation, ce qui pourrait amener Macky Sall à passer directement au premier tour. Mais tout cela, ce sont des supputations.
D'ailleurs, je crois que sa position va évoluer. Le connaissant, c'est un fin tacticien, peut-être finira-t-il par comprendre que la meilleure arme c'est le vote, et que les Sénégalais ne sont pas prêts à déstabiliser leur pays pour le personnel politique. »