Une nouvelle audience du leader séparatiste anglophone Sisiku Ayuk Tabe a eu lieu ce jeudi 7 février au tribunal militaire de Yaoundé. Elle n'a pas été plus loin que les exceptions préliminaires soulevées par la défense sur la langue d'expression utilisée dans ce procès, le français ou l'anglais. Sisiku Ayuk Tabe et neuf autres personnes y sont jugées pour, entre autres, apologie d'actes de terrorisme, sécession, révolution ou hostilité contre la patrie.
A peine ouverte, l’audience a achoppé sur la question de la langue. Les avocats de la défense ont récusé la composition du collège des juges, tous les trois d’expression française, ainsi que les greffiers.
Interprète récusée
Ils ont pareillement récusé la seule interprète du tribunal, pas assez compétente à leurs yeux pour traduire fidèlement le déroulement du procès, de français en anglais et vice-versa.
Après plus d’une heure d’échanges vifs sur cette question, la défense a introduit une autre requête auprès du tribunal pour solliciter que Sisiku Ayuk Tabe, le leader séparatiste, puisse prendre la parole. Là encore, le banc du ministère public a fait objection invoquant une entorse à cette étape de la procédure.
Après avoir suspendu la séance, au cœur de cet imbroglio, le tribunal a finalement donné raison à la défense sur la récusation de l’interprète uniquement et en a désigné deux autres avant de renvoyer l’affaire au 20 février prochain.
Longues discussions
Sisiku Ayuk Tabe et ses co-accusés sont, pour leur part, apparus particulièrement souriants. Ils ont eu le loisir de discuter longuement avec de proches amis pendant la suspension d’audience, malgré l’ambiance particulièrement lourde du tribunal militaire où les téléphones portables étaient interdits et les accès filtrés.