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Révision constitutionnelle : Un débat houleux en RDC

Les discussions autour de la révision de la constitution font intensément débat en RDC. La société civile du Nord-Kivu considère comme une « moquerie » la tentative du gouvernement de modifier la constitution, alors que les populations de l’Est souffrent encore des conséquences de la guerre. 

Les débats sur la révision de la Constitution en République démocratique du Congo se multiplient après l’annonce du président Félix Tshisekedi à Kisangani. Au Nord-Kivu, à l’est du pays où l’insécurité sévit, la population qualifie cette initiative de moquerie.

John Banyene, président de la société civile du Nord-Kivu, affirme que la révision de la constitution n’est pas une priorité dans le contexte actuel. « Notre besoin essentiel est de restaurer la paix et la sécurité, qui constituent un droit pour nous en tant que Congolais. D’autres questions peuvent attendre avant que nous retrouvions la paix, ce que nous considérons comme une moquerie », déclare Banyene avec fermeté.

Il souligne que la constitution que le gouvernement souhaite réviser a causé la mort de nombreux Congolais entre 2016 et 2018. De grandes manifestations ont eu lieu pour s’opposer à cette révision, orchestrées par le parti actuellement au pouvoir. « Hier, le président de la République était opposant et s’était opposé à ses prédécesseurs pour changer cette constitution. S’il souhaite le faire aujourd’hui, nous ne savons pas s’il a des garanties », ajoute-t-il.

Il conclut : « Nous soutenons le président dans ses efforts pour restaurer la paix et la sécurité. Cependant, s’il emprunte d’autres chemins, il sait bien ce qu’il a vu en 2016 et en 2018. La population congolaise n’est pas naïve. […] Que bloque la constitution pour mettre fin à la guerre ? Pour résoudre les problèmes sociaux des Congolais ? Nous sommes vraiment déçus ! ».

L’UDPS défend sa position sur la réforme

Les partisans du parti au pouvoir avancent de nombreux arguments en faveur d’une révision constitutionnelle. Ils estiment que certains articles, notamment ceux hérités de la Constitution de 1964, compromettent la souveraineté du Congo. Le président de la République a récemment affirmé que la constitution congolaise avait été rédigée par des étrangers, à l’étranger.

« Notre constitution n’est pas adéquate. Elle a été élaborée à l’étranger par des étrangers. Il est nécessaire d’avoir une constitution fondée sur nos réalités. […] L’année prochaine, une commission nationale regroupant divers experts sera mise en place pour réfléchir à notre constitution », a déclaré le président de la RDC, Félix Tshisekedi.

Lire : RDC : la Cour constitutionnelle entérine la destitution de gouverneurs Kabila, Bamanisa, Maweja et Musafiri

Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir, s’engage à mobiliser ses partisans pour informer la population sur l’importance de cette révision.

« Malgré la confusion que certains politiciens essaient de créer autour de ce projet de révision, nous nous engageons à sensibiliser notre peuple sur la légitimité de notre démarche et à soutenir la position du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, exprimée avec force à Kisangani. L’opinion publique doit comprendre qu’il ne s’agit pas de la première modification de la constitution de 2006. En effet, le passage d’un système à deux tours à un tour unique pour l’élection présidentielle a été décidé par le précédent régime lors de la révision de 2011 », a affirmé Augustin Kabuya, confiant.

La volonté de réviser la constitution soulève des questions sur ses véritables motivations. Certains craignent que cette initiative ne serve qu’à contourner les limites constitutionnelles du mandat présidentiel, permettant ainsi au chef de l’État de rester au pouvoir.

Il convient de rappeler que la constitution congolaise a déjà été modifiée à plusieurs reprises depuis son adoption en 2006. Bien que les dernières modifications aient eu lieu en 2011, les nouvelles propositions continuent de provoquer de vives discussions au sein de la société civile et de la classe politique.

Augustin Sadiki

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