Après plus de trois mois d’absence qui ont suscité de vives interrogations, le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, a fait son retour officiel ce mardi 20 mai. Ce retour, très attendu, intervient dans un contexte de crises multiples qui secouent cette région stratégique de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
C’est par le poste frontalier de Kavimvira, à Uvira, siège provisoire de la province, qu’il a regagné le territoire congolais, accompagné du vice-ministre national de l’Intérieur, Mwami Jean-Baptiste Ndeze. L’arrivée du gouverneur a été marquée par une mobilisation significative. Le vice-gouverneur, Me Jean-Jacques Elakano, le maire intérimaire d’Uvira, Kifara Kapenda Kik’y, le président de l’Assemblée provinciale, ainsi que plusieurs députés et membres du gouvernement provincial étaient présents pour accueillir l’exécutif provincial.
« Nous voulons des actions concrètes pour la sécurité et le développement. Le gouverneur doit nous montrer qu’il est là pour nous », confiait un habitant du quartier Kimanga, reflétant un sentiment partagé parmi la population.
Le Sud-Kivu traverse une période particulièrement tendue. La province est confrontée à une recrudescence des violences orchestrées par des groupes armés, notamment l’Alliance des forces de libération du Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), qui menace plusieurs territoires. À cela s’ajoutent des tensions intercommunautaires, une crise humanitaire aggravée par les déplacements massifs de populations, et des défis économiques qui fragilisent les moyens de subsistance des habitants.
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L’absence prolongée de Jean-Jacques Purusi, qui avait quitté Uvira pour des consultations à Kinshasa, avait alimenté des spéculations sur un possible désintérêt pour la gestion provinciale ou des dissensions au sein des élites politiques locales.
Une feuille de route axée sur la sécurité et le développement
Lors d’un meeting à Mulongwe, le gouverneur s’est adressé à une foule attentive. Il a tenu à saluer l’engagement des Forces armées de la RDC (FARDC) et des groupes d’autodéfense Wazalendo, qui jouent un rôle clé dans la résistance face aux incursions de l’AFC/M23. « Leur bravoure est un exemple pour nous tous. Ils se battent pour protéger notre terre et notre dignité », a-t-il déclaré, suscitant des applaudissements nourris.
Jean-Jacques Purusi a réaffirmé son engagement envers le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dont il a loué les efforts pour ramener la paix dans l’Est du pays. Il a détaillé les démarches entreprises lors de son séjour à Kinshasa, notamment des discussions avec des partenaires nationaux et internationaux pour financer des projets d’urgence. Parmi les priorités annoncées figurent la sécurisation des axes routiers reliant Uvira à d’autres villes de la province, la réhabilitation des infrastructures de base, et le soutien aux populations déplacées.
« Uvira, en tant que siège provisoire de la province, doit devenir un modèle de résilience », a-t-il affirmé. « Nous avons sollicité des fonds pour des projets concrets : écoles, centres de santé, et routes pour désenclaver nos territoires. Mais rien ne sera possible sans une mobilisation collective, au-delà des clivages politiques ou identitaires. »
Un appel vibrant à l’unité face à l’ennemi
Dans une allocution empreinte de gravité, le gouverneur a lancé un appel pressant à l’unité : « Ce n’est pas le moment de nous diviser. Les ennemis de la paix profitent de nos désaccords. Nous devons nous serrer les coudes pour protéger notre province et mettre hors d’état de nuire ceux qui sèment la terreur. » Cet appel résonne particulièrement dans une région où les tensions ethniques et les rivalités politiques ont souvent exacerbé les conflits.
Le vice-ministre de l’Intérieur, Mwami Jean-Baptiste Ndeze, a renforcé ce message en exhortant les habitants à soutenir les institutions nationales. « Le président Tshisekedi est déterminé à ramener la paix. Mais il a besoin de votre engagement. Restez unis, soyez vigilants, et ensemble, nous construirons un avenir meilleur », a-t-il déclaré.
Le retour de Jean-Jacques Purusi marque un tournant pour le Sud-Kivu, mais les défis restent immenses. La population attend des actions rapides et tangibles pour répondre à l’insécurité, au chômage, et à la crise humanitaire. Les observateurs locaux soulignent également l’importance de renforcer la gouvernance locale pour restaurer la confiance entre les autorités et les citoyens.
Alors que le gouverneur reprend ses fonctions, les regards sont tournés vers sa capacité à traduire ses promesses en actes concrets. Dans un Sud-Kivu fragilisé, l’unité prônée par Jean-Jacques Purusi sera-t-elle suffisante pour surmonter les défis ? La réponse dépendra autant de l’engagement des autorités que de la mobilisation collective des habitants de la province.