Soixante-cinq détenus sont actuellement affectés par l’épidémie de conjonctivite virale à la prison centrale Mulunge d’Uvira, dans le Sud de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Ces chiffres ont été rendus publics ce lundi 19 Février lors de la prise en charge de ces malades par l’équipe du centre médical Mère-Enfant, spécialisé dans la santé oculaire, au sein de cette maison carcérale.
Dix pour cent des détenus de la prison centrale de Mulunge à Uvira sont touchés par l’épidémie de conjonctivite virale, communément appelée APOLLO. Cette épidémie a débuté le 17 février dernier, et en l’espace de trois jours, elle a touché 65 prisonniers sur un total de 607, selon le directeur de la prison.
Face à la présence de cette épidémie et en considération de la promiscuité dans la prison, l’équipe médicale du centre mère-enfant intervient pour apporter son assistance médicale aux victimes. L’ophtalmologue Murhula Matthias David explique que la conjonctivite virale est une infection très contagieuse, généralement provoquée par des adénovirus.
« Dans le but de prévenir d’éventuelles complications chez ces détenus en cas de non-traitement, nous sommes intervenus pour soigner ces malades. Nous avons fourni 150 flacons de Gentamycine collyre, deux boîtes de Tétra pommade, 150 flacons de Dexamethasone et 10 boîtes de désinfectants ».
Selon Murhula Mathias, Technicien Supérieur en Potamologie au centre mère-enfant, la plupart des conjonctivites sont liées à des germes ou des virus bénins et tendent à s’améliorer d’elles-mêmes en 3 à 4 jours. Cependant, des complications surviennent en l’absence de prise en charge médicale, surtout lorsque les symptômes s’aggravent, comprenant la contagion de la conjonctivite, l’atteinte de la cornée, et la kératite, une complication sévère de la conjonctivite.
Stratégies de Prévention contre la Conjontivite à Uvira et au Sud-Kivu
Afin de prévenir la propagation de la conjonctivite, il est essentiel de mettre en œuvre des mesures préventives à l’échelle nationale, en mettant un accent particulier sur la province du Sud-Kivu et à Uvira. TSO Murhula Mathias préconise l’usage d’un désinfectant pour les mains ou un lavage approprié après tout contact avec les yeux ou les sécrétions nasales (appliquer sur l’ensemble des mains, frotter pendant au moins 20 secondes, bien rincer et se sécher avec une serviette en papier).
Il souligne également l’importance de désinfecter l’équipement après chaque examen de patient, de s’abstenir de toucher l’œil non infecté après avoir touché l’œil infecté, de ne pas partager serviettes ni oreillers, d’éviter la baignade dans les piscines, et de consulter un professionnel de la santé dès l’apparition de signes de conjonctivite. Ce spécialiste préconise des campagnes de sensibilisation au sein de la communauté concernant ces mesures préventives.
Suite à l’administration du traitement et à la distribution des kits médicaux aux détenues, le directeur de la prison en appelle au gouvernement et aux organisations engagées dans ce domaine pour leur assistance, dans le but d’éradiquer cette épidémie au sein de l’établissement pénitentiaire. En rappel, un communiqué daté du 12 février de la coordination provinciale du programme de santé oculaire et de la vision a signalé de nombreux symptômes oculaires liés à cette maladie, incluant la tuméfaction des paupières, le larmoiement, la sensation de grain de sable, la difficulté à fixer la lumière, la douleur, la rougeur et les sécrétions conjonctivales mucopurulentes.
Joséphine Mungubi