La société civile d’Uvira s’oppose fermement à l’instauration d’un état de siège au Sud-Kivu, dénonçant son inefficacité dans les provinces voisines. Dans un mémorandum adressé aux autorités, elle critique la militarisation excessive et les violations des droits humains. Elle propose des alternatives participatives pour une sécurité durable.
La Synergie des Sociétés Civiles et Mouvements Citoyens d’Uvira, chef-lieu provisoire de la province du Sud-Kivu, a publié un mémorandum adressé aux plus hautes autorités de la République Démocratique du Congo, notamment le Président de la République et la Première Ministre. Ce document exprime un refus catégorique de l’instauration d’un état de siège dans la province du Sud-Kivu.
Daté de ce jeudi 9 octobre 2025, ce mémorandum intervient alors qu’une proposition de loi visant à étendre cette mesure exceptionnelle, déjà en vigueur dans le Nord-Kivu et l’Ituri, est en discussion à Kinshasa. Au cœur de la contestation figure le bilan de l’état de siège dans les provinces voisines, instauré depuis mai 2021.
Selon la Synergie, cette mesure, censée être exceptionnelle et temporaire, a été prolongée de manière excessive (plus de 80 fois, selon certains rapports) sans produire de résultats significatifs en matière de sécurité.
- Persistance du M23 : Les signataires pointent du doigt l’avancée et la prise de Goma par le groupe rebelle M23 en janvier 2025, ainsi que la persistance des massacres, enlèvements et déplacements forcés de populations dans ces zones. Les élus locaux et la société civile ont déjà dénoncé l’inefficacité de l’administration militaire.
- Violations des droits humains : La Synergie fait écho aux condamnations d’organisations telles qu’Amnesty International, qui souligne que l’état de siège a entraîné des violations des libertés fondamentales (circulation, expression, réunion) et des arrestations arbitraires.
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La société civile craint que l’extension de cette mesure au Sud-Kivu n’aggrave les abus de pouvoir, ne conduise à une militarisation excessive de la gouvernance locale et n’exacerbe la crise humanitaire et socio-économique.
Un commandement militaire en crise
Parallèlement à son opposition à l’état de siège, la Synergie met en lumière une vulnérabilité critique à Uvira : la vacance du commandement de la 33e région militaire. Le décès du commandant de région, survenu le 12 septembre 2025, a créé un vide dans la chaîne de commandement, essentielle pour coordonner les opérations face à la menace des groupes armés, y compris le M23, toujours actif dans cette zone à haut risque. La Synergie exige la nomination urgente d’un nouveau commandant de région et d’un adjoint chargé des opérations et du renseignement pour garantir la continuité de la défense.
Plutôt que d’imposer un état de siège, la Synergie des Sociétés Civiles propose des solutions centrées sur une approche participative et civile, notamment :
- Le renforcement de la présence policière locale, mieux formée et respectueuse des droits humains.
- L’amélioration des services de renseignement et une meilleure coopération avec les communautés.
- La mise en place de programmes de protection citoyenne, ainsi que de soutien humanitaire et économique pour traiter les causes profondes de la crise.
- La création d’une commission indépendante chargée d’évaluer objectivement les mesures de sécurité.
La Synergie menace d’entreprendre d’autres actions pacifiques de grande envergure si ses demandes ne sont pas prises en compte dans les plus brefs délais.


