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SANTE

RDC-Sud-Kivu : plus de 220 morts en un mois à cause de la grève des infirmiers

Au Sud-Kivu, la grève sèche des infirmiers déclenchée début novembre plonge le système de santé dans une crise sans précédent. En moins d’un mois, 223 décès ont été recensés faute d’accès aux soins, dont de nombreuses femmes et enfants. Les zones les plus fragiles sont paralysées, tandis que les discussions avec les autorités restent au point mort. La société civile alerte sur une « crise humanitaire silencieuse » et appelle à une mobilisation urgente.

La situation sanitaire se dégrade dangereusement dans le sud de la province, où la grève sèche déclenchée le 3 novembre par les infirmiers continue de faire des victimes. Selon un communiqué rendu public ce lundi par la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), Axe Sud, 223 décès ont été enregistrés en moins d’un mois, faute d’accès aux soins.

Parmi les victimes figurent 11 femmes décédées en maternité, 137 enfants de moins de 5 ans et 75 personnes appartenant à d’autres tranches d’âge. La société civile parle d’un bilan « alarmant », révélateur de la paralysie totale du système de santé dans plusieurs zones déjà fragilisées.

La Zone de santé d’Uvira est la plus touchée, avec 52 décès, dont 3 maternels et 28 enfants de moins de cinq ans. À Ruzizi, 37 personnes ont perdu la vie, tandis que Lemera enregistre 16 décès.

Les zones du Haut-Plateau d’Uvira, de Nundu et de Fizi comptent respectivement 25, 17 et 13 décès. Dans les zones plus reculées comme Kimbi-Lulenge et Minembwe, les chiffres sont tout aussi préoccupants, avec 19 et 33 décès signalés. La Zone de santé d’Itombwe, elle, rapporte 12 décès.

Pour la NSCC Axe Sud, ces chiffres témoignent d’une « crise humanitaire silencieuse » qui ne cesse de s’aggraver depuis la suspension des services infirmiers.

Un sit-in qui s’éternise

Parallèlement à la grève, les infirmiers poursuivent depuis onze jours un sit-in devant la Division provinciale de la Santé à Uvira, dénonçant l’inaction des autorités.

Le président des syndicats des infirmiers, Mapigano Moïse, affirme que les agents de santé sont « indignés de la manière dont leurs revendications sont traitées », alors qu’ils réclament depuis des mois la régularisation salariale et l’amélioration des conditions de travail.

Malgré l’ampleur de la crise, aucune avancée notable n’a été enregistrée dans les discussions avec les autorités provinciales ou nationales.

Dans son communiqué, la NSCC Axe Sud accuse les autorités de « laisser la population payer le prix fort » faute d’une réponse urgente. Elle appelle à un grand sit-in le 8 décembre 2025 devant le gouvernorat du Sud-Kivu, annonçant même que les malades pourraient être amenés directement aux autorités si aucune solution n’est trouvée d’ici là.

Pour Freddy Mudeba, coordinateur adjoint de la structure, « la population est sacrifiée » et la situation a atteint un point critique. Il plaide pour une médiation rapide afin d’éviter d’autres pertes en vies humaines.

Cette grève souligne une fois de plus la fragilité extrême du système de santé dans le sud du Sud-Kivu, où les infirmiers constituent la force motrice des structures sanitaires. Sans eux, les centres de santé tournent au ralenti ou ferment complètement, laissant des milliers de personnes sans accès aux soins les plus élémentaires.

Les acteurs communautaires craignent que le bilan, déjà lourd, ne continue de s’alourdir dans les jours à venir si aucune mesure n’est prise rapidement.

Joséphine Mungubi

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