Dans le groupement Baswagha Madiwe à Beni, Nord-Kivu, la perturbation du réseau, persistante depuis 8 mois, aggrave l’insécurité et paralyse l’économie locale. La société civile dénonce cet isolement qui empêche les communautés de donner l’alerte lors d’attaques. Les communications sont entravées, et des services comme le mobile money sont à l’arrêt. Un appel urgent est lancé aux opérateurs pour rétablir la couverture réseau.
L’absence de réseau dans certaines localités du territoire de Beni n’est pas un simple désagrément technique, elle peut coûter des vies. C’est l’alerte lancée par Justin Kavalami, président de la société civile du groupement Baswagha Madiwe, lors d’un entretien exclusif accordé au Journal Africa ce dimanche 10 août 2025.Ce groupement, situé dans le secteur de Beni-Mbau, compte six localités, dont plusieurs sont privées de couverture téléphonique, notamment Bapakombe-Pendekali, Kipabashi et Visiki.
À Visiki Mambombo, le réseau, autrefois disponible, est indisponible depuis environ huit mois. Pour Justin Kavalami, cette absence de communication constitue un véritable handicap sécuritaire : « Lors de la dernière incursion des ADF en 2024, les villages de Masau, Makosa, Masala et Pandos ont été attaqués. Il a été extrêmement difficile de transmettre rapidement des alertes, car certaines zones touchées n’étaient pas couvertes par le réseau. L’ennemi a ainsi pu opérer sans être inquiété. »
Il cite également un incident récent à Visiki Mambombo : « Les habitants n’ont pas pu donner l’alerte à temps. L’ennemi a agi sans opposition, car l’information n’a pas été transmise rapidement. »
L’impact de cette situation dépasse le cadre sécuritaire. Les habitants rencontrent de grandes difficultés pour communiquer avec leurs proches, les messages urgents pouvant prendre des jours à parvenir à destination.« Les familles travaillant aux champs peinent à informer leurs proches restés au village. Cela complique la coordination quotidienne et la gestion des urgences », explique Justin Kavalami.
Des conséquences économiques et sociales lourdes
Sur le plan économique, certaines activités sont paralysées. La vente d’unités ou de forfaits internet, les transactions par mobile money et le commerce ambulant sont quasi inexistants dans ces zones. « Même lorsqu’on parvient à activer un forfait internet, il expire souvent sans avoir été utilisé, en raison de la mauvaise qualité du réseau », déplore-t-il.
Dans les rares localités où un signal est disponible, celui-ci reste instable, avec des interruptions fréquentes qui empêchent une utilisation fluide des services numériques. Face à cette situation, Justin Kavalami interpelle les grandes compagnies de télécommunication opérant dans la région notamment Orange, Vodacom et Airtel pour qu’elles améliorent la couverture et la stabilité de leur réseau dans l’ensemble du groupement Baswagha Madiwe.
À l’heure où la communication est un pilier de la sécurité et du développement, les zones privées de réseau restent dans l’ombre. Pour les habitants de Baswagha Madiwe, chaque minute sans connexion représente un risque supplémentaire pour leur sécurité et un frein à leur avenir.