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RDC: Le phénomène « Kuluna », un climat de psychose s’installe peu à peu dans certains quartiers de Kinshasa

À Kinshasa, de violents affrontements entre bandes de jeunes rivales dénommés « Kulunas » se multiplient ces derniers jours. Les événements dégagent un climat de peur et de panique au sein de la population kinoise. Des vidéos filmées par des résidents, témoignent des crimes à coups de machettes, couteaux, fouets, pierres et autres poignards.

Ces groupes sont des gangs de jeunes redoutés qui sèment la terreur dans plusieurs zones de Kinshasa, et le phénomène se répand peu à peu dans d’autres grandes villes congolaises. Les « Kuluna » volent, violent, rackettent et tuent les gens au vu de tout le monde.

Des images qui ont récemment circulé sur les réseaux sociaux montrent deux jeunes qui se disputent avec un policier qui, par après a tiré à bout portant sur l’un d’eux. Celui-ci avait dans la main une machette, l’arme de prédilection de « kuluna ».

Dans une autre vidéo filmée toujours à Kinshasa, on pouvait voir un jeune homme sévèrement tabassé par les jeunes du quartier voisin. Le jeune homme serait décédé, victime d’une hémorragie interne. Jusqu’à maintenant, la police dit qu’elle continue ses enquêtes pour arrêter les délinquants.

Des forfaits au vu de tout le monde

Le 21 août dernier, d’autres affrontements entre « kuluna » ont eu lieu dans le quartier de Lingwala et ont fait 3 blessés, dont un « kuluna » et deux civils, selon la police de Kinshasa. C’était à la suite d’une finale d’un tournoi de football entre plusieurs quartiers de Lingwala.

« Certains ont sorti des machettes et d’autres ont ramassé des pierres au sol pour les jeter sur les gens », témoigne un habitant de Lingwala. Rabby Mboyo, un jeune garçon âgé de 24 ans. Il habite la commune de Bandalungwa. Il suivait le match depuis le balcon d’une maison à côté du stade chez ses amis.

« Au début, ça commençait comme si c’était un jeu, dans les deux camps de supporters, des gens dans le public interpellaient l’équipe adverse en criant, puis certains ont sorti des machettes et d’autres ont ramassé des pierres au sol pour les jeter. On avait attendu que ça se calme pour descendre du balcon et fuir », raconte le jeune Rabby Mboyo.

Puis, ajoute-t-il, « on a fini par fuir. J’étais inquiet parce que nous étions à Lingwala à ce moment-là. Or, je viens de Bandalungwa. Donc, ils pouvaient s’en prendre facilement à moi. Actuellement, je ne peux pas mettre les pieds à Lingwala, même si je ne suis pas un « kuluna ». Si je fais cela, ils  risquent de me surprendre dans la rue et arracher tous mes biens. Je serai victime et personne ne me viendrait au secours. J’ai des amis qui vivent à Lingwala, mais je ne remettrai plus mes pieds là-bas jusqu’à ce que les deux camps fassent la paix. C’est beaucoup trop dangereux», martèle Mboyo.

La police maîtrise la situation

Selon toujours la police, la situation est sous contrôle grâce aux opérations de bouclage et des patrouilles de routine. « Nous ne sommes ni débordés, ni dépassés. Il y a des mesures que nous allons prendre pour endiguer le phénomène. La difficulté, c’est la collaboration de la population, parce que ces « kuluna » ne sont pas des extra-terrestres. Ils habitent dans des maisons, des parcelles, ils ont des parents et tout ça », rassure chaque fois Sylvano Kasongo, chef de la police de Kinshasa.

Avec son mot d’ordre « J’appelle la population à collaborer toujours, pour charger les « kuluna » afin que ces gens puissent être condamnés par la justice. Nous avons installé des boîtes aux lettres anonymes dans chaque commune pour que les populations se sentent à l’aise de venir dénoncer », ajoute Kasongo.

Le « Kuluna« , un phénomène structurel

Cependant, à Kinshasa les gens ne font plus confiance à l’actuel commandant de police, en la personne du Général Sylvano Kasongo. Dans cette situation, certains vont plus loin en exigeant son départ, révèle une source qui a requis l’anonymat. Elle est précise toutefois que le phénomène « Kuluna » date de plusieurs décennies.

« Le phénomène « Kuluna » relève de l’incompétence partagée. Il faut qu’on mette en place des mécanismes urgents pour prendre en charge ce phénomène. La gestion de la sécurité urbaine, c’est aussi une question du gouvernement central. Une action concertée entre le gouvernement central et provincial mérite d’être déjà entamée pour la prise en charge de ce phénomène », propose Me Freddy Bonzeke sur médiacongo.net.

Il y a quelques années, les « kuluna » étaient vraiment localisés à Kinshasa. Aujourd’hui, sont des groupes très bien organisés. Ils ont même des états-majors, avec des grades comme les généraux, lieutenants, commandants,… D’ailleurs, ils respectent beaucoup la hiérarchie. Ils contrôlent leur quartier ou commune, et surveillent de près les entrées et les sorties.

Dernièrement à Kinshasa, le commissaire provincial de la police a promis des opérations strictes pour évacuer ces systèmes. Les zones les plus concernées par les bastions des « kuluna » sont Ngaba, Yolo nord et sud, Makala, Lingwala, Matete…

Rédaction

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