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SÉCURITÉ

RDC-Ituri : La CRDH dénonce l’insécurité causée par les barrières illégales

Dans le territoire de Mambasa, en Ituri, des barrières illégales entravent les routes agricoles, asphyxiant l’économie locale. La Convention pour le Respect des Droits Humains (CRDH) dénonce ces pratiques d’extorsion attribuées à des éléments armés et appelle à une intervention urgente des autorités.

Des barrières illégales érigées sur les principaux axes de desserte rurale de la chefferie de Babila-Babombi, dans le territoire de Mambasa, province de l’Ituri (RDC), entravent gravement la libre circulation des agriculteurs et de leurs produits, aggravant la précarité économique d’une région déjà fragilisée par des années de conflits. La Convention pour le Respect des Droits Humains (CRDH), une organisation citoyenne active dans la région, dénonce avec vigueur ces pratiques illégales qui compromettent à la fois la sécurité et les moyens de subsistance des communautés rurales.

Selon Grâce Kakine, secrétaire exécutive de la CRDH, pas moins de quatre barrières illégales ont été recensées dans le groupement Bangole, notamment sur l’axe stratégique Makumo-Mandumi, essentiel pour le transport des produits agricoles vers les marchés locaux et régionaux. Ces obstacles, souvent installés sans autorisation légale, servent à extorquer de l’argent aux agriculteurs et aux commerçants sous forme de taxes illégales ou de rackets.

« Ces barrières ne sont qu’un moyen d’enrichir illicitement certains individus au détriment des agriculteurs, qui luttent déjà pour écouler leurs récoltes. C’est inacceptable », s’indigne Grâce Kakine.

La CRDH pointe du doigt des éléments des forces loyalistes, notamment certains membres des Forces armées de la RDC (FARDC), ainsi que des combattants du groupe d’autodéfense Wazalendo, qu’elle accuse d’être à l’origine de ces pratiques. Ces groupes, censés protéger les populations, sont paradoxalement perçus comme une source d’insécurité dans les zones rurales.

Les sommes extorquées, bien que souvent modestes, représentent une charge lourde pour les petits exploitants agricoles, dont les revenus dépendent directement de la vente de leurs produits. Cette situation contribue à l’enclavement économique de la région, freine le développement local et exacerbe les tensions communautaires.

Insécurité et extorsion, défis persistants

Au-delà des impacts économiques, ces tracasseries ont des conséquences sociales et sécuritaires significatives. Les agriculteurs, majoritairement des petits exploitants, sont parfois contraints d’abandonner leurs activités ou de contourner ces routes, ce qui allonge les trajets et augmente les coûts de transport. De plus, les interactions fréquentes avec des éléments armés, souvent imprévisibles, instaurent un climat de peur parmi les populations rurales, déjà marquées par une insécurité chronique dans l’Ituri.

Face à cette situation alarmante, la CRDH exhorte les autorités administratives et militaires à prendre des mesures immédiates pour démanteler ces barrières et sanctionner les responsables. L’organisation appelle à une enquête approfondie pour identifier les auteurs de ces pratiques illégales et plaide pour un renforcement des mécanismes de contrôle des forces de sécurité dans la région.

« Les autorités doivent restaurer l’ordre et garantir la libre circulation des personnes et des biens. Les agriculteurs ont le droit de travailler et de vivre dans la dignité », insiste Grâce Kakine.

Cette dénonciation s’inscrit dans un contexte de fragilité sécuritaire persistante en Ituri, où la coexistence entre les forces régulières et les groupes d’autodéfense, tels que les Wazalendo, alimente tensions et méfiance au sein de la population. Malgré des efforts récents pour stabiliser la province, notamment à travers des opérations militaires contre des groupes armés comme la CODECO, les zones rurales de Mambasa continuent de souffrir d’un manque d’autorité étatique et d’une insécurité chronique. La multiplication des barrières illégales illustre les défis persistants en matière de gouvernance et de contrôle des forces de sécurité dans la région.

La CRDH annonce son intention de poursuivre sa campagne de sensibilisation auprès des communautés locales et des autorités, tout en documentant les violations des droits humains dans le territoire de Mambasa. Elle invite également les organisations internationales et les partenaires de la société civile à se mobiliser pour faire pression sur les autorités compétentes afin d’obtenir des mesures concrètes.

Gloire Kambale GT

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