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RDC : à la découverte de Pascal Mukamba, ce défenseur des droits humains

Pascal Mukamba
Né dans une famille pauvre, défavorisée au cœur d’un pays en pleine mutation. Pascal Mukamba a tenté de survivre à un enchaînement d’injustices de toutes sortes que vivent au quotidien la majorité des jeunes de son quartier. Citoyen canadien (aujourd’hui), né à Bukavu (Capitale provinciale-Sud-Kivu) dans l’Est de la RD Congo, son exil ne l’empêche pas de dénoncer tous ces maux qui rongent sa région natale. 

Fils de Musali Mwangilwa et Marthe Ngalya, Pascal Mukamba est né en 1977 à Bukavu. Il commence ses études à l’école primaire Salongo Mwana. Après l’obtention de son certificat de fin d’études primaire, il poursuit son cursus scolaire au collège saint Antoine de Padoue de Nyantende, toujours au Sud-Kivu, où il obtient son diplôme d’État. Il décide d’aller à l’université de Kisangani (la plus grande université de l’Est du pays à l’époque) où il fréquente la faculté de droit. Après Kisangani, Pascal Mukamba va parfaire ses études au Canada en tant qu’exilé, à l’université de Sherbrooke de Québec. En plus d’être politologue, juriste, entrepreneur, écrivain et coordonnateur de Woman for Peace in Africa, Pascal Mukamba est également détenteur d’une maîtrise en travail social.

Une enfance difficile…

Né dans l’un des quartiers les plus défavorisés de Bukavu, communément appelé Bizimana, le père de Pascal Mukamba est décédé sept jours après sa naissance, des suites d’un accident de circulation. Depuis lors, la situation familiale du bébé est bouleversée. Tout change. Selon la culture de sa tribu Lega, sa mère n’avait aucun droit de gérer les biens de son mari. C’est ainsi que sa maman, après 8 ans de mariage et quatre enfants, s’était retrouvée privée de toute ressource pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Elle qui s’était mariée à l’âge de 13 ans, avait une obligation de subvenir seule aux besoins des enfants.

Avant son entrée à l’école primaire, le jeune Pascal (moins de 5 ans) devait participer aux tâches ménagères. Au-delà des tâches ménagères, il devait également travailler aux côtés de ses frères et sœurs afin de trouver à manger.  À cause de la vie précaire qu’ils menaient, ses sœurs aînées n’ont pas pu aller à l’école. Elles ont été forcées à faire de durs travaux, comme ravaler la façade de maisons, balayer et nettoyer le pavé, marcher des kilomètres pour laver les draps, cultiver les champs, faire la cueillette de manioc et de maïs, etc. 

Pire, elles ont toutes été victimes d’évènements malheureux et violents, ayant pour conséquences des membres brisés, des visages tuméfiés, des grossesses précoces, des enfants nés de père inconnu. Pour toutes ces raisons, elles étaient déconsidérées, dévalorisées, humiliées, exclues de la société. Malgré toutes ces épreuves, la mère de Pascal, Marthe Ngalya a tout fait pour que son fils aille à l’école.

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Le combat de Pascal

« Mon combat actuel est de lutter pour la promotion des droits humains et la lutte contre les pratiques traditionnelles nocives appliquées encore aujourd’hui dans plusieurs pays au monde. Ma vision est de vivre dans un monde juste, équitable, un monde sans discriminations, un monde de liberté » ; peut-on lire dans son récit autobiographique l’exil comme liberté.

Témoin des violences et des injustices de toutes sortes qui accablent son pays natal, il a consacré plus de trois ans à une enquête sur ce sujet. Les résultats de ses recherches sont consignés dans un rapport intitulé : La politique pathologique en République Démocratique du Congo, dans lequel il dénonce les violences et les crimes cachés commis par le gouvernement en place et ses alliés. C’est la publication de celui-ci sera à la base de son arrestation violente qui conduira à son exil. Ce récit est un cri d’alarme pour que la justice s’implante non seulement dans son pays, mais partout où le peuple est opprimé, exploité, ostracisé. Car, pour Pascal Mukamba la lutte pour la justice vaut mieux que toutes les privations, les tortures et les condamnations. A l’époque pascal était conseiller juridique et défenseur des droits humains à la Commission Diocésaine Justice et Paix du territoire d’Uvira.

La vie au Canada

Deux mois après son arrivée au Canada, il faisait du bénévolat en soins spirituels dans les résidences pour les aînés, de l’accompagnement avec la Fondation québécoise du cancer. Il a également servi d’interprète bénévole au service d’aide aux Néo-Canadiens. Un an plus tard, il suit une formation professionnelle en assistance pour les personnes à domicile, formation qui l’a amené à trouver du travail comme auxiliaire aux services sociaux et de santé pour les personnes souffrant d’une déficience intellectuelle.

En ce qui concerne son épouse Aimée Ntahondi(rwandaise), trois mois après son arrivée, elle s’est inscrite à des cours de français en même temps que ses enfants commençaient l’école. Avocat reconnu en RD Congo, il croyait que son diplôme de l’Université de Kisangani aurait suffi pour pratiquer au Québec. A sa grande surprise de constater que le gouvernement ne reconnaissait pas son diplôme du Congo. Il lui a été conseillé de reprendre toutes ses études là-bas. Après plusieurs rencontres avec des responsables du centre d’orientation pour la recherche d’emploi, ils lui ont proposé, avec mon accord, de s’inscrire dans la faculté des sciences politiques en relations internationales à l’université de Sherbrooke.

Pascal Mukamba est un amoureux de la justice pour tous, de la bonne gouvernance, de l’équité et de l’amour du prochain, peu importe son origine ethnique, sa religion ou la couleur de sa peau.

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Augustin Sadiki

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