Dans la région du Nord-Kivu, environ 12 624 personnes sur 4 millions suivent un traitement antirétroviral, mais la prévalence du VIH reste élevée, notamment chez les jeunes, déclare la coordination du Programme National de Lutte contre le VIH/SIDA dans le Grand Nord du Nord-Kivu. Les facteurs de propagation incluent les conflits armés, la promiscuité et le manque d’informations. Bien que les nouvelles infections et les décès aient diminué, le manque de financement pour la sensibilisation freine les efforts de prévention.
Les données concernent les 17 zones de santé des territoires de Beni et Lubero, ainsi que les villes de Butembo et Beni. Selon la coordination du Programme National de Lutte contre le VIH/SIDA dans le Grand Nord du Nord-Kivu, environ 12 624 personnes sur 4 millions d’habitants de cette région de l’Est de la République Démocratique du Congo suivent un traitement antirétroviral.
« Ces chiffres sont issus des rapports réguliers de 170 structures de santé qui offrent des services de lutte contre le VIH/SIDA. Leur limite réside dans le fait qu’elles ne couvrent que les personnes fréquentant ces structures », explique le Dr Nicaise Mathe, médecin coordinateur du PNLS Grand Nord, dans une interview exclusive donnée le 27 novembre 2024 à LeJournal.Africa.
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Le spécialiste de santé note une prévalence élevée parmi les jeunes en raison de leur activité sexuelle. « Parmi les personnes vivant avec le VIH/SIDA, 80 % sont des jeunes âgés de 15 à 42 ans. Nous observons aussi que les jeunes ont des comportements sexuels plus fréquents, ce qui les expose davantage au risque de contamination que les personnes plus âgées », précise-t-il.
La prévalence du VIH/SIDA est particulièrement élevée chez les femmes, représentant 70 % des personnes infectées, contre 30 % chez les hommes.
« Les groupes les plus touchés sont les travailleuses du sexe, avec une prévalence de 7,7 %, la population carcérale avec 1,6 %, les consommateurs de drogues injectables (environ 7 %), et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (plus de 3 %). La situation actuelle montre une tendance à la ‘féminisation’ de la pandémie, avec 70 % des femmes touchées, contre seulement 30 % des hommes », ajoute le Dr Mathe.
Conflits armés, réseaux sociaux et promiscuité, principaux facteurs de propagation du VIH/SIDA :
Pour expliquer la persistance du VIH dans le pays, le PNLS cite cinq facteurs principaux : les conflits armés prolongés, l’utilisation excessive des réseaux sociaux, la promiscuité, les épidémies récurrentes et le manque d’information ainsi que de ressources pour sensibiliser les jeunes.
« En analysant ces chiffres, on constate que ce sont principalement les zones urbaines qui sont les plus touchées. Pourquoi ? Parce qu’elles accueillent de nombreuses personnes fuyant les atrocités des campagnes. La promiscuité y est forte, et les gens vivent entassés. Dans une famille de dix personnes, une seule travaille. Les jeunes filles, en quête de beauté, ont des relations avec des hommes plus âgés ou même d’autres jeunes », explique le Dr Mathe.
Le nombre de nouvelles contaminations en République Démocratique du Congo a chuté de 58 % depuis 2010, et les décès ont diminué de 72 %, selon l’ONUSIDA. Selon une évaluation de 2022, le taux de prévalence du VIH est de 0,6 % pour 103 millions d’habitants. De plus, 83 % des personnes connaissent leur statut sérologique, et 82 % des malades sont sous traitement antirétroviral (ARV) , indique le journal français Le Monde dans son édition du 29 mai 2024.
Face au manque d’information préventive, le risque reste élevé
Le manque de financement pour des campagnes de sensibilisation freine les efforts de lutte contre le VIH/SIDA. « Il existe une part importante de la population que nous ne parvenons pas à atteindre, car elle ne fréquente pas nos structures. Autrefois, nous avions des spots publicitaires à la radio, des rencontres avec des jeunes dans des groupes de discussion. Mais avec l’arrivée d’autres épidémies, l’attention mondiale et même du personnel médical a diminué, donnant l’impression que le VIH/SIDA n’est plus un danger. Pourtant, il continue de faire des ravages », alerte le Dr Nicaise Mathe.
Aujourd’hui, le VIH reste un problème majeur de santé publique dans le monde, ayant causé jusqu’à 40,4 millions de décès. La transmission persiste dans tous les pays, avec certains enregistrant une hausse des nouvelles infections après une période de baisse. En 2022, on estimait à 39 millions de personnes vivant avec le VIH, dont plus des deux tiers en Afrique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).