Dans la présentation de leur rapport, les deux experts internationaux sur la situation des droits de l’homme dans la région du Kasaï, Bacre Waly Ndiaye et Sheila Beedwantee Keetharuth, font savoir qu’ils ont effectué deux visites en République démocratique du Congo, en novembre 2019 et en janvier 2020.
Des visites qui leur ont permis d’observer que le phénomène Kamuina Nsapu et ses soubresauts ont quasiment disparu.
Mais ils émettent cependant des inquiétudes au sujet de l’encadrement des ex-miliciens.
Leur désarmement incomplet et l’absence de mesures de réintégration socioéconomique ont eu un impact négatif sur la situation sécuritaire et humanitaire dans les régions du Kasaï, indiquent les deux experts.
Il est à craindre que les ex-miliciens se réorganisent en groupes armés s’attaquant aux populations civiles, a d’ailleurs averti Bacre Waly Ndiaye.
Les deux experts souhaitent organiser un atelier sur la réconciliation et la cohabitation pacifique inspiré de la bonne pratique observée dans la province du Kasaï Central.
Au sujet de la lutte contre l’impunité, M. Ndiaye a indiqué que certains progrès ont été accomplis dans les poursuites et l’instruction des dossiers judiciaires, évoquant notamment l’arrestation de Trésor “Mputu” Kankonde, chef milicien accusé d’avoir participé au meurtre de Zaida Catalan et Michael Sharp.
Le procès des présumés auteurs de cet assassinat se poursuit, avec toutefois le sentiment qu’il est loin d’être terminé, a cependant fait remarquer Bacre Ndiaye.
Sa collègue Sheila Keetharuth a insisté sur l’importance de sanctionner les auteurs de violations des droits de l’homme. Elle a relevé que si les efforts de justice au Kasaï se concentrent actuellement sur le meurtre des deux experts onusiens et de leurs accompagnateurs, tous les crimes doivent être sanctionnés pour qu’il y ait une paix durable.
La région du Kasaï a connu de terribles violences en 2016 et 2017 à la suite d’un chef coutumier Kamuina Nsapu qui réclamait d’être reconnu par l’Etat congolais. Sa mort en août 2016 a engendré une violence inouïe entre ses partisans et les forces de l’ordre dans cette région du Centre de la RDC. Plusieurs milliers de personnes ont été tuées. Les violences ont contraint plus d’un million de personnes à quitter leurs milieux de vie.
Les experts internationaux mandatés par le Conseil des droits de l’homme estiment que plusieurs exactions commises par les forces de défense et de sécurité, la milice Kamuina Nsapu et les milices Bana Mura depuis 2016 dans la région du Kasaï constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.