L’Assemblée nationale a ajourné l’élection du premier vice-président, initialement prévue pour ce vendredi 12 juin, pour remplacer Jean marc Kaund récemment déchu. La présidente de la chambre basse du Parlement, Jeanine Mabunda, a annoncé cette décision aux députés ce même vendredi.
Cette décision a été prise après son échange avec le président Félix Tshisekedi.
« Ce matin, la police a encerclé le Palais du Peuple, empêchant les députés d’accéder au bâtiment où une plénière était prévue. Compte tenu des risques de débordement et priorisant la sécurité et l’intégrité physique des députés, le Bureau a fait le choix d’ajourner la plénière », indique l’Assemblée nationale sur son compte Twitter.
Avant l’arrivée de Jeanine Mabunda à l’Assemblée nationale, les policiers ont empêché aux députés d’accéder à l’hémicycle. Ce qui a suscité la colère des élus du peuple.
« La police nous empêche d’accéder. Nous ne comprenons pas. C’est d’abord une atteinte à l’inviolabilité du Parlement, qui est consacrée dans la constitution. Deuxièmement, c’est une violation du principe de la séparation des pouvoirs. Nous n’avons aucun lien organique avec le Conseil d’Etat. Il peut prendre ses décisions, nous nous pouvons faire appel. Il ne peut pas empêcher le Parlement de fonctionner. C’est totalement hors du droit. Et nous sommes tenus de respecter le droit, parce que nous sommes dans un Etat de droit. Et nous irons jusqu’au bout », a déclaré le député Lambert Mende.
Un dispositif qui empêche toute réunion
« La décision de maintenir l’élection du 1er vice-président de l’Assemblée nationale ce jour, n’émane ni de la présidente, ni du Bureau. Cette décision résulte d’une résolution de la plénière souveraine, en date du jeudi 11 juin 2020, qui est un acte ne pouvant faire l’objet d’une décision de justice », explique l’Assemblée nationale.
La présidente de la chambre basse du Parlement affirme, dans son adresse aux députés, que les conditions sécuritaires ne permettent pas aux députés de travailler dans la sérénité.
« Si les forces de sécurité encerclent le bâtiment de l’Assemblée nationale, qui est inviolable, il est irresponsable de demander aux députés de se prononcer aujourd’hui sur l’élection de la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Matériellement, le dispositif qui est mis en place, indépendamment de notre volonté, ne nous permet pas de nous réunir aujourd’hui », a argumenté Jeanine Mabunda.
Elle invite les députés à ne pas tomber dans la provocation : « Ne tombons pas dans la provocation, cette provocation qui consistait à dire que l’Assemblée nationale est la cause des crises. Ne confondons pas un individu avec une institution. Avec le respect pour le chef de l’Etat, qui nous a prodigué des conseils et compte tenu du dispositif qui nous entoure, je crois qu’il est bon d’envisager de reporter cette élection à une date ultérieure ».
Selon le porte-parole des présidents des groupes parlementaires, Didier Manara, la police est intervenue à la demande du procureur général près le Conseil d’Etat, qui lui a ordonné de faire exécuter la décision de cette haute juridiction du pays annulant la déchéance de M. Kabund et suspendant l’exécution du calendrier électorale de l’Assemblée nationale.