L’eau coule pour la première fois des robinets dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu) depuis 1960. Environ deux cent mille habitants de cette partie de la RDC pourront désormais se procurer cette denrée, grâce à l’installation des bornes fontaines, don de l’ONG internationale OXFAM. Cette œuvre s’inscrit dans le cadre d’un projet, en deux phases, d’adduction d’eau potable dans dix-huit villages. La première s’est boulée en fin juillet 2018.
Les robinets sont ouverts, non pas comme une décoration, mais les femmes et les enfants sont contents de puiser de l’eau potable, pour la première fois. C’est l’ambiance trouvée dans le centre de santé de l’Etat à Fizi Centre où est implantée une borne fontaine.
Plusieurs femmes y sont venues exprimer leur reconnaissance à Mme Corinne N’daw, directrice pays d’OXFAM, pour avoir mis sur le rail un projet d’adduction d’eau potable.
« Depuis ma naissance, je n’ai jamais puisé de l’eau qui traverse le quartier comme ça », affirme une vieille dame.
L’eau à Fizi, une première depuis 1960 dans un territoire d’environ 200 000 habitants auxquels s’ajoutent quelque 20 000 déplacés internes.
Bien avant l’installation de la borne fontaine, des femmes et jeunes filles parcouraient de longues distances en quête de l’eau. Souvent, elles sont victimes de viols de la part des miliciens qui écument la région.
Le cholera est également endémique. Des pertes en vies humaines sont enregistrées chaque année, en majorité des femmes et des enfants.
Le projet d’OXFAM consiste au captage d’eau à la rivière Mukera dans les montagnes de Mitumba.
Il dessert dans une première phase et à travers un pipeline long de 96 kilomètres quatre villages :
Fizi
Sebele
Katanga
Malinda.
« L’ouvrage représente la plus grande adduction en eau potable par gravitation jamais faite par une ONG en RDC. Il s’agit de donner de l’eau à environ 200 000 personnes », explique Mme Corinne N’daw, directrice pays d’OXFAM.
Pour cette première phase, cinq plates-formes d’eau sont en cours de construction, pour un réservoir de 6m de diamètre et une capacité de 70 000 litres.
Une fois achevé dans sa 2e phase, ce réseau fournira de l’eau potable à au moins 18 000 personnes déplacées de 18 villages, ainsi qu’aux familles d’accueil.
Toutefois, quelques actes de vandalisme se commettent contre les conduites d’eau. C’est pourquoi, Mme Corinne N’daw passe à la sensibilisation.
« Il faut que chacun de nous soit responsable. Avant que ces 18 villages ne soient servis, il faut que l’eau arrive dans le tank principal. Il y a des incompréhensions et on détruit les canalisations. Ceux qui financent vont arrêter le financement et tout le monde sera perdant. Je ne pense pas que c’est ce qu’on veut », conscientise-t-elle.
L’eau potable, une denrée essentielle pour la vie, est devenue une réalité dans le territoire de Fizi. Mais cette réalité et les bienfaits qu’elle procure dépendront en grande partie de l’appropriation du projet d’OXFAM, par la population et surtout de la restauration de la sécurité et de la stabilité dans la région.