Un an après le début de l’épidémie d’Ebola dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le virus reste « implacable et dévastateur », ont alerté mercredi 31 juillet quatre hauts responsables onusiens.
Le 1er août 2018, le gouvernement de la RDC déclarait l’apparition du virus Ebola dans la province du Nord-Kivu.
Au cours de l’année écoulée, plus de 2.600 cas ont été confirmés en RDC, dont plus de 1.800 décès dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Près d’un « cas » sur trois est un enfant. Plus de 770 personnes ont survécu au virus.
Il y a deux semaines, l’épidémie d’Ebola en RDC a été requalifiée en urgence de santé publique de portée internationale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mardi 30 juillet, un deuxième cas d’Ebola a été confirmé à Goma, une ville de deux millions d’habitants à la frontière avec le Rwanda.
« La maladie est implacable et dévastatrice », ont prévenu les chefs de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Mark Lowcock ; du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Henrietta Fore et du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, dans une déclaration conjointe à la veille du premier anniversaire de l’épidémie en RDC.
« Ebola se transmet de la mère à l’enfant, du mari à l’épouse, du patient au soignant, du cadavre d’une victime à un parent en deuil », ont-ils alerté, soulignant que la maladie bouleverse les aspects les plus banals de la vie quotidienne. Elle nuit aux entreprises locales, empêche les enfants d’aller à l’école et entrave des services de santé vitaux.
« Il s’agit avant tout d’une crise sanitaire, mais elle a également une incidence majeure sur la façon dont les gens s’occupent de leur famille, voient leurs voisins et interagissent avec leur communauté », ont expliqué les chefs de l’OMS, d’OCHA, de l’UNICEF et du PAM.
Les défis pour stopper la propagation d’Ebola sont considérables, mais pas insurmontables, rappellent les hauts responsables onusiens. « Aucun de ces défis ne doit être une excuse pour ne pas faire le travail », ont-ils prévenu.
Dans l’est de la RDC, les Nations Unies et leurs partenaires continuent d’intensifier leur réponse, en appui au gouvernement congolais, et de renforcer leur action commune. L’ONU s’emploie à créer un environnement propice à une riposte sanitaire publique soutenue par l’OMS. Cette riposte multidimensionnelle comprend notamment la mise en place d’une sécurité, d’une logistique, d’un engagement politique et communautaire et de mesures appropriés pour répondre aux préoccupations des communautés touchées.
Les hauts responsables onusiens ont salué la récente décision du gouvernement congolais de mieux coordonner ses efforts face à Ebola.
Une riposte sanitaire toujours compliquée par l’insécurité
L’épidémie d’Ebola sévit dans une zone de conflit active de l’est de la RDC. Cette insécurité complique considérablement l’efficacité de la riposte sanitaire.
Le personnel et les installations de santé sur place font notamment l’objet d’attaques armées qui provoquent également des déplacements de population. « Dans certaines des zones touchées, la violence nous empêche d’atteindre les communautés et de travailler avec elles pour empêcher davantage de propagation », ont dit les chefs d’agences onusiennes.
Les chefs de l’OMS, d’OCHA, de l’UNICEF et du PAM ont appelé toutes les parties impliquées dans les violences dans l’est de la RDC à faire en sorte que les intervenants puissent effectuer leur travail en toute sécurité et que les personnes en quête de soins puissent y avoir accès sans craindre des attaques.
La communauté internationale doit fournir un appui plus important
L’ONU souligne que la riposte à Ebola en RDC exige un soutien plus important et urgent de la part de la communauté internationale.
« Le gouvernement (congolais) a besoin de plus de soutien que jamais auparavant. La réponse de santé publique à une épidémie d’Ebola nécessite un niveau d’investissement exceptionnel ; 100% des cas doivent être traités et 100% des contacts doivent être recherchés et gérés », ont dit les responsables onusiens.
Les agences onusiennes ont besoin de moyens aériens pour acheminer les intervenants et l’équipement critique vers certaines des régions les plus reculées et de stockage sécurisé des produits de santé vitaux, tels que les vaccins. Elles continueront d’accélérer leur réponse et demandont aux anciens et nouveaux partenaires de faire de même.
« En ce moment critique, nous réaffirmons notre engagement collectif envers la population de la RDC ; nous pleurons ceux que nous avons perdus ; et nous appelons à la solidarité pour mettre fin à cette épidémie », ont dit le Dr Tedros, M. Lowcock, Mme Fore, et M. Beasley.
Avec ONU Info