L’épidémie de maladie à virus Ebola (Ebola) dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC) se poursuit au milieu d’une crise complexe.
« Béni reste l’épicentre de l’épidémie », a déclaré Dr Michael Ryan, Directeur exécutif chargé du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire lors d’un point de presse samedi 27 juillet à Genève.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) continue ainsi d’observer « une transmission locale soutenue et un nombre élevé de cas ».
L’Agence onusienne s’est particulièrement inquiétée de la situation dans la zone de santé de Beni où a été comptabilisée plus de la moitié des nouveaux cas signalés au cours des trois dernières semaines, ainsi que pour un certain nombre de cas et de contacts ayant voyagé dans d’autres zones de santé.
Dans la période de 21 jours (du 3 au 23 juillet 2019), 242 cas confirmés ont été signalés, dont la majorité provenaient des zones de santé de Beni (53%).
« Il s’agit de la deuxième vague de l’épidémie dans la zone sanitaire de Beni », précise l’OMS, rappelant qu’elle est plus importante en nombre de cas et dure plus longtemps que la première.
De plus, de nouveaux agents de santé et des infections nosocomiales continuent d’être signalées à Beni et dans d’autres zones de santé touchées, malgré les efforts considérables déployés par de nombreux organismes pour prévenir et combattre les infections au cours de la dernière vague de l’épidémie. U total de 141 (5% du total des cas) a été rapporté à ce jour.
Au total, 2612 cas ont été signalés (2518 cas confirmés et 94 cas probables) à la date 23 juillet 2019, dont 1756 personnes sont décédées.
Entre le 3 et le 23 juillet 2019, 64 zones de santé sur 18 ont signalé sur une période de trois semaines de nouveaux cas, soit 10% des 664 zones de santé des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
« Nous avons l’occasion d’aller de l’avant et réagir » (Dr Ryan, OMS)
Plus largement, le responsable de l’OMS décrit une situation délicate, rendue plus compliquée encore par l’insécurité et parfois la résistance des communautés locales.
« Parfois, ça prend des semaines et même des mois pour établir des opérations de santé publique. Mais ça peut prendre des minutes pour perdre des acquis », a ajouté Dr Ryan, interrogé sur le renforcement de la confiance entre les équipes de riposte et les populations locales.
Par ailleurs, le suivi intensif des contacts du cas confirmé qui est arrivé à Goma le 14 se poursuivra jusqu’à la fin de la période de 21 jours. En réponse à ce cas, 19 agents de santé ont été déployés à Goma pour apporter un soutien. Les rumeurs selon lesquelles ses contacts se seraient rendus à Bukavu, dans le Sud-Kivu, ont été examinées et écartées par les équipes d’intervention.
De façon générale, l’OMS insiste sur le fait le combat contre Ebola demande « plus de temps, beaucoup plus de travail ».
« Ce n’est pas le moment de rester les bras croisés et nous avons l’occasion d’aller de l’avant et réagir pour venir à bout du virus. Et nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. C’est un appel à l’action », a indiqué le Directeur exécutif chargé du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) va intensifier ses opérations dans les zones touchées par le virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC). « Le PAM va doubler l’aide alimentaire fournie aux personnes touchées par le virus Ebola, mais aussi aux contacts », a déclaré Herve Verhoosel, porte-parole du PAM à Genève.
Le PAM va doubler son aide pour les personnes touchées par l’épidémie
Au cours des six prochains mois, le PAM prévoit de multiplier et presque doubler son aide alimentaire et son aide nutritionnelle pour atteindre 440.000 personnes touchées par le virus Ebola en RDC. L’aide cible également les « contacts » avec les victimes et leurs familles, ainsi que des cas confirmés et suspectés.
Les personnes infectées par le virus Ebola et qui se sont rétablies reçoivent des rations alimentaires pendant un an. Alors que la recherche de « contacts » est particulièrement difficile dans la zone de conflit située à l’est de la RDC, les distributions de vivres sont essentielles à l’effort de confinement.
« Ces distributions permettent de limiter les mouvements de personnes susceptibles de propager la maladie et la campagne de vaccination vitale », a ajouté M. Verhoosel.
Ces distributions du PAM sont effectuées dans des sites agréés pour les « contacts » des personnes touchées Ebola. Les rations alimentaires sont données aux ménages de 5 personnes.
Les « contacts » reçoivent des rations d’une semaine à quatre reprises. Ce qui les encourage ainsi à revenir sur le site de distribution où ils peuvent également faire un bilan médical mené par le gouvernement ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins une fois par semaine pendant 28 jours. La période d’incubation du virus étant de 21 jours.
L’Agence onusienne prévoit aussi de quadrupler – de 50 à 200 – le nombre d’écoles primaires assistées dans les zones touchées par le virus Ebola. Le nombre d’enfants devant bénéficier de repas scolaires passera de 17.000 à 70.000.
« Pour beaucoup d’élèves, c’est le principal, sinon le seul repas de la journée dans une région où il y a une malnutrition chronique », a indiqué le porte-parole du PAM.
Sur le plan logistique, outre les vols et la construction de camp pour les intervenants, l’Agence onusienne a mis en place 69 unités de dépistage et d’isolement dans des hôpitaux et aux principaux points de passage des frontières entre la RDC et les pays prioritaires – l’Ouganda, le Soudan du Sud, le Rwanda et le Burundi.
Le PAM a également acheté 13 ambulances et soutenu la construction d’unités de traitement Ebola.
Pourtant sur le terrain, l’accès à certaines zones clés couvertes par les zones de santé de Kalunguta et de Vuhovi est limité en raison de la présence menaçante « de miliciens Maï Maï », face aux efforts de riposte.
Le PAM rappelle d’ailleurs que ces deux zones de santé sont connectées l’une à l’autre et au territoire de Beni, y compris à la région de Mabalako à Beni, qui est l’un des points chauds actuels du virus Ebola sur le territoire de Beni.
S’agissant du financement, le PAM a un besoin urgent de 50 millions de dollars américain pour ses opérations en RDC et dans les pays voisins au cours des six prochains mois.