Le bâtonnier du barreau du Kasaï-Central plaide pour que les crimes graves commis dans la région du Kasaï soient portés devant la Cour pénale internationale. Pour Me Dominique Kambala, les difficultés matérielles, financières et humaines que connait la justice congolaise ne lui permettent pas juger correctement les auteurs des crimes commis lors des violences de 2016 et 2017 au Kasaï.
«L’Etat congolais a des accords. On a adhéré au statut de Rome. On a signé l’accord de coopération entre l’Etat congolais et la CPI. Dans le cadre de cette coopération-là, est-ce qu’on ne peut pas déférer la situation sur le Kasaï à la CPI», explique l’avocat pour qui la Cour pénale internationale «dispose des moyens d’investigation assez conséquents» pour mener des enquêtes et juger les auteurs des crimes commis dans la région du Kasaï.
«Les exhumations des fosses communes, des tombes parcellaires, ça demande une contribution médico-légale. Tout cela n’est pas à portée de main de la justice congolaise», note Me Kambala qui déplore également la lenteur des juridictions congolaises dans ce dossier.
Il fait notamment remarquer que le massacre des civils dans la commune de la Nganza en mars 2017 n’a toujours pas donné lieu à des poursuites judiciaires alors qu’une mission d’enquête a été effectuée.
«La justice congolaise connait des carences criantes en termes d’effectifs, en termes de moyens logistiques, des moyens matériels, des moyens financiers. Et si on attend, j’ai l’impression qu’on risque d’attendre jusqu’aux calendes grecques. Cette réponse judiciaire vis-à-vis des victimes vulnérables de Tshisuku, de Nganza, de Mulombodi, de Tshimbulu, de Katoka, n’auront jamais cette justice», redoute le bâtonnier du Kasaï-Central qui invite l’Etat congolais à «s’assumer».
Il propose au chef de l’Etat «comme l’a fait son prédécesseur en 2004 à l’occasion de la situation de l’Ituri», de «déférer la situation du Kasaï à la Cour pénale internationale».
Dans leur rapport remis au conseil des droits de l’homme de l’ONU, les experts internationaux avaient fait état des crimes graves commis par les forces de l’ordre et les miliciens lors des violences qui ont déchiré le Kasaï en 2016 et 2017. Ils ont notamment documenté de nombreux cas de meurtres, de viols, d’utilisation d’enfants lors du conflit.