Déjà confrontée à une épidémie d’Ebola persistante (2.343 cas confirmés et 1.646 décès au 10 juillet selon le ministère congolais de la santé) et à des déplacements massifs de population, l’est de la RDC doit faire face au risque d’une contagion majeure de rougeole.
Pour cette campagne menée avec le soutien de l’UNICEF et de Médecins sans frontière (MSF), le ministère congolais de la santé cible 67.000 enfants en Ituri au nord-est de la RDC, une région ravagée par un conflit armé et foyer de la deuxième épidémie d’Ebola la plus meurtrière de l’histoire.
« Pour les milliers de familles vivant dans des camps de déplacés surpeuplés et insalubres, la menace combinée d’Ebola et de la rougeole est sans précédent », a déclaré Edouard Beigbeder, le Représentant de l’UNICEF en RDC.
Pour « prévenir des pertes de vies potentiellement massives », la campagne de vaccination commencera dans quatre camps de déplacés de la ville de Bunia qui ont connu un afflux massif de familles déplacées ces dernières semaines. L’un de ces camps se trouve à 100 mètres d’un centre de traitement Ebola et à moins de trois kilomètres des quartiers où cinq cas d’Ebola ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie, dont deux au cours des trois dernières semaines. Des campagnes de vaccination contre la rougeole sont également prévues dans les zones de santé de Tchomia et de Nyankunde.
Selon l’UNICEF, au moins 1.981 décès dus à la rougeole ont été signalés cette année en RDC. Plus des deux tiers de ces décès concernaient des enfants de moins de 5 ans. Au 23 juin, près de 115.000 cas suspects de rougeole avaient été signalés, soit beaucoup plus que les 65.000 cas enregistrés en 2018.
Le nord-est de la RDC est « l’une des pires crises humanitaires », selon l’UNICEF
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L’Ituri, l’une des deux provinces, avec le Nord-Kivu, frappées par l’épidémie d’Ebola, a enregistré plus de 5.400 cas de rougeole et 50 décès.
En raison de la présence d’Ebola, la campagne de vaccination contre la rougeole doit comporter des mesures supplémentaires de protection et un triage minutieux. Les agents de santé doivent porter une blouse pour éviter tout contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques. Les équipes de vaccination déployées comprennent chacune un agent de santé qui vérifiera les températures, évaluera et signalera les cas suspects d’Ebola et supervisera le lavage des mains et d’autres mesures de prévention.
Une couche supplémentaire de complexité réside dans le fait que certains des premiers symptômes d’Ebola – fièvre, rougeurs autour des yeux, diarrhée – ne peuvent pratiquement pas être distingués de ceux de la rougeole, du paludisme ou du choléra, des maladies courantes dans des sites extrêmement peuplés.
Jérôme Pfaffman, spécialiste santé à l’UNICEF explique que l’objectif de cette campagne de vaccination « est de prévenir cette maladie pour qu’il y ait de moins en moins d’enfants qui développent ces symptômes et par conséquent, ne soient pas mis dans un système de dépistage de la maladie à virus Ebola qui est beaucoup plus complexe et beaucoup plus contraignant. » Il précise que le dépistage de la maladie au virus Ebola « nécessite un isolement de deux jours avant de faire le diagnostic et cela peut être très traumatisant particulièrement pour les enfants ». L’objectif de cette campagne de vaccination est donc de réduire le nombre de cas de rougeole afin d’éviter cette confusion.
« La partie nord-est de la RDC est le théâtre de l’une des pires crises humanitaires. Qu’il s’agisse de la rougeole, d’Ebola ou des conditions de vie dans un camp de déplacés, les enfants courent un risque grave. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger », a ajouté M. Beigbeder.
L’UNICEF estime que près de 400.000 personnes sont déplacées dans la province de l’Ituri, dont la grande majorité sont des femmes et des enfants. La majorité d’entre eux vivent dans l’un des 35 camps situés à travers la province, sur un territoire pratiquement inaccessible en raison de l’insécurité. « Les affrontements entre divers groupes armés ont endommagé ou détruit près de la moitié des installations sanitaires et des écoles de la province », a fait valoir l’UNICEF.
Avec ONU Info.