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RDC : 13 millions de personnes ont faim dans un pays qui produit plus de nourriture qu’il ne peut consommer

Environ 13 millions de Congolais vivent dans une insécurité alimentaire extrême, dont 5 millions d’enfants, et les évaluations en cours montrent que la tendance à l’aggravation de l’insécurité alimentaire se poursuit, a averti le Représentant du PAM en RDC, Claude Jibidar lors d’un entretien vendredi 31 mai avec ONU Info.

La crise alimentaire qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) est la deuxième crise alimentaire dans le monde en termes de gravité après celle au Yémen, a déploré jeudi le Programme alimentaire mondial.

Selon le Représentant du PAM en RDC, les nombreux conflits qui secouent le pays depuis plus de deux décennies et qui ont connu une intensification depuis 2016, notamment dans l’Est et le Sud-Est, ont provoqué un déplacement dramatique de populations rurales qui vivent de l’agriculture. 

« Les paysans en RDC mangent parce qu’ils peuvent cultiver et récolter, mais comme nous avons eu jusqu’à 4,5 millions de personnes déplacées dans ces zones rurales. Ce sont des gens qui n’ont pas pu continuer à cultiver. Cela a continué pendant plusieurs saisons agricoles et la situation s’est détériorée avec le temps », a expliqué M. Jibidar lors de cet entretien avec ONU Info.

Une action axée sur les déplacements et le retour

Pour répondre à cette crise, le PAM continue de renforcer son aide alimentaire et nutritionnelle en ciblant 5,1 millions de personnes cette année, dont 1,5 million reçoivent une assistance nutritionnelle.

L’agence se concentre notamment sur l’aide aux personnes déplacées en visant les sites de déplacés mais aussi les sites de retour.

« Les déplacements en RDC sont fréquents mais ils ne sont pas nécessairement de longue durée. Ce sont des conflits spontanés qui font que les gens vont fuir leur village. Alors on essaie d’aider les gens à retourner chez eux », a expliqué le Représentant du PAM. « En RDC, on peut voir deux ou trois récoltes par an, donc si vous aidez les gens à planter dans l’espace de quelques mois vous leur donnez la capacité de pouvoir se prendre en charge en termes de nourriture ».

Sauver et changer des vies

Malgré la complexité de la crise en RDC, le PAM ne sauve pas seulement des vies, mais aussi s’efforce de les changer.

L’agence travaille sur le lien « aide humanitaire-développement-paix » en soutenant la sécurité alimentaire et la nutrition par l’agriculture, l’autonomisation des femmes et la consolidation de la paix.

Elle essaie de lier l’aide à des actions à plus long terme pour aider les populations à faire face aux chocs, que ce soient les chocs liés aux problématiques climatiques, aux conflits et aux déplacements, dont ceux provoqués par l’arrivée de populations déplacées dans des communautés d’accueil.

« Vous avez souvent des situations ou une famille de 6 ou 7 personnes accueille une douzaine d’autres personnes, et bien sûr ils vont partager leurs ressources ce qui fait que la famille hôte réduit ses propres ressources très rapidement et se retrouve elle-même en situation d’insécurité alimentaire », a souligné M. Jibidar. 

« Donc, aider ces gens à produire plus et à produire mieux, à avoir un peu plus de ressources pour prendre en charge ces personnes déplacées, ça permet de ne pas avoir une situation humanitaire catastrophique au bout de quelques mois », a-t-il ajouté.      

En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le PAM a intensifié ses interventions en matière de résilience afin de toucher 450.000 petits exploitants et leurs familles cette année.  Selon le PAM, la RDC pourrait produire toute la nourriture dont elle a besoin et devenir un exportateur de denrées alimentaires.

Le Représentant du PAM souligne aussi l’importance d’investir dans la résilience. Apporter une assistance alimentaire à plus de 5 millions de personnes par an en RDC « n’est pas viable » pour le PAM.

« Ce que l’on voudrait, c’est faire en sorte que ces gens arrivent à se prendre en charge et que l’on puisse se tourner vers d’autres priorités que de donner à manger aux gens dans un pays qui peut produire plus que sa population ne peut manger », a-t-il conclu.

Avec ONU Info.

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