Des avis sont partagés entre acteurs politiques et sociaux, trois mois après que le président Felix Antoine Tshisekedi est à la tête du pays. Le 24 janvier dernier, le chef de l’Etat avait été investi à la tête de la RDC. Quelques jours après, il a lancé un vaste programme d’urgence de 100 jours, égrenés à environ 90 jours. Dans la classe politique, des avis sont partagés selon qu’on se retrouve dans la majorité, opposition ou dans la société civile.
La majorité au pouvoir considère que les libertés publiques sont respectées, et la reconstruction du pays a pris une nouvelle allure avec le nouveau président.
« Il y a d’abord le respect des droits de l’homme, aujourd’hui les manifestations publiques sont autorisées, les réunions publiques se tiennent, les marches se tiennent, et il y a aussi la libération des prisonniers politique. Et maintenant, le président Moïse Katumbi peut revenir sans problème », évalue Laurent Batumona, cadre de Cap pour le changement, plateforme au pouvoir.
Il note sur le plan social le lancement des travaux de réparation des routes qui s’exécutent à travers toute la République.
« La population est contente par rapport à ça. Vous avez noté qu’il y avait des tensions dans plusieurs entreprises publiques, notamment l’ex-ONATRA, la SONAS, aujourd’hui la DGI, le chef de l’Etat est en train de tempérer pour que la tension sociale dans les entreprises puisse revenir à la normale », fait savoir Laurent Batumona.
Sur le plan politique, il évoque aussi le mariage FCC-CACH qui « revient à des bons termes. »
« Je crois que l’opposition doit faire son travail. Nous sommes en train de noter que Fayulu va organiser un meeting, c’est une bonne chose. Ça signifie que la démocratie est en marche », se réjouit Laurent Batumona.
Premiers actes à encourages
L’avis de Laurent Batumona est aussi partagé par Me Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ). Il estime que les premiers actes du chef de l’Etat sont à encourager, spécialement concernant le respect des droits et libertés fondamentaux.
« Il a promis de s’engager dans la lutte contre l’impunité, des actes de corruption, et on l’a vu effectivement à l’œuvre. Ce qui s’est passé à Lubumbashi où lui-même il a pu intervenir pour faire poursuivre les auteurs et complices de ces faits, des condamnations ont été prononcées. Il a promis de fermer les cachots parallèles des services de sécurité, et c’est chose faite », se réjouit Georges Kapiamba.
Il dit avoir vérifié que « les gens ne sont plus arrêtés, détenus, torturés ou maltraité dans les cachots de ces services. »
« Aujourd’hui, nous avons dans notre pays, des cas de jurisprudence en ce qui concerne la suspension d’un ministre, il y a des responsables de l’ex-Onatra qui ont été suspendus, il y a un responsable de l’ARPTC aussi suspendu, sans oublier le fait que les enquêtes ont été lancées en ce qui concerne les actes de corruption en marge des élections, donc bref… nous pensons qu’il est sur la bonne ligne et que nous pouvons tous lui apporter notre soutien », constate Georges Kapiamba.
RDC : point zéro
Pour l’opposition, au-delà du symbolique et des actions d’éclats du chef de l’Etat, trois mois après, le pays navigue à vue sans un gouvernement responsable qui, au regard de la Constitution, devrait normalement engager toutes les actions mises à l’actif du président de la République.
« En terme du symbolique, en terme liturgique, en terme de rite, il y a certains actes qu’il faut apprécier. Mais, nous sommes dans un régime semi-présidentiel. C’est vrai que le chef de l’Etat jouit du suffrage, pour autant que ça se fasse correctement du peuple. Et la mise en œuvre, l’action de l’Etat c’est par un gouvernement qui conduit la politique de la République. Le président de la République ne conduit pas l’action du gouvernement », se désole le député national du MLC, Jacques Djoli.
Pour lui, 3 mois après l’investiture du chef de l’Etat, la RDC est sur le plan institutionnel « au point zéro. »
« Nous n’avons pas de gouvernement. Et sur le plan économique, si vous voyez le résultat que publie la Banque centrale nous sommes dans une forme de gouvernance incertaine, voire confuse avec des sorties des fonds qui n’obéissent pas à l’orthodoxie financière. Et sur le plan social, il est difficile d’avoir des retombées », fustige Jacques Djoli.