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Mayi Mulele : les mercenaires collaborateurs du pouvoir de Bujumbura en 1972

Les Mayi Mulele ont bel et bien existé sur le territoire burundais et opéré mais dans laps de temps, confirment des sources concordantes. Des rebelles zaïrois actuellement la RD Congo, pro-pouvoir, avaient comme mission d’entrainer aveuglement quelques  Bahutu au mouvement insurrectionnel afin que le colonel Michel Micombero puisse justifier son « Plan Machiavélique contre les Bahutu » préparé depuis 1965 (CVR).      

La Commission, Vérité et la Réconciliation du Burundi a animé ce mercredi 26 avril, une conférence-débat sous le thème : « Les Mayi Mulele, Rebelles ou Collaborateurs du pouvoir de Bujumbura ? ». Une occasion pour cette commission et les témoins des atrocités de 1972 à dévoiler l’identité réelle de ces guerriers Mayi Mulele.

Par la voix de son commissaire Aloys Batungwanayo, qui a présenté la thématique, la CVR dénonce « le mensonge stratégique utilisé par le pouvoir de l’époque pour massacrer ceux qu’il considérait comme indésirables (Les Bahutu et les Banyaruguru).  

«Des combattants Simba appelés les Mayi Mulele, sous leur commandant Gaston Sundiyalo, ont été sollicité depuis Uvira-RDC de venir et d’enrôler aveuglement certains Bahutu  dans un mouvement insurrectionnel et lancer les massacres contre d’abord les batutsi, afin que Micombero puisse en découdre avec le danger qui était pour lui, représenté par les bahutu intellectuels et les batutsi Banyaruguru, c’est-à-dire les batutsi qui n’étaient pas des Bahima », précise Aloys Batungwanayo devant le public.

Selon les premières enquêtes de la CVR, Aloys Batungwanayo affirme que la commission dispose de preuves que des batutsi ont été sacrifiés notamment à Rumonge et à Bujumbura, pour que le plan d’élimination des bahutu puisse être accompli. En ajoutant que le commandant Nduwingoma Samuel, commandant du camp Bururi, a voulu intervenir à Rumonge, le 30 avril 1972. Arrivé au niveau de Mutambara, il a reçu l’ordre de rebrousser chemin alors qu’il allait intervenir pour sauver les batutsi.

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 « Il y a eu des connivences entre le pouvoir et les Mulelistes »

À en croire la présence des Mayi Mulele à Bujumbura dans les années 1964, le professeur et journaliste Simon Kururu donne sa version. « J’ai vu personnellement en juillet 1964, au moment où j’habitais le quartier Buyenzi,  les Mayi Mulele qui sont venus chercher leur chef Gaston Sundiyalo», indique-t-il.

Toutefois, le professeur Kururu émet quelques doutes sur les relations claires entre les Mulistes et Bujumbura. En avançant l’hypothèse des relations qui existaient au départ entre le président colonel Michel Micombero et le zaïrois (RDC), le Marichard  Mobutu Sese Seko qui était en rivalité avec Pierre Mulele, le patron de Mulele (ancien ministre congolais de l’éducation sous le régime du feu Kasavubu).

Pour sa satisfaction, ce journaliste de longues dates renvoi la CVR à consulter le Président ougandais Yoweri Musevi pour plus des détails sur les relations directe entre Bujumbura et le Muleliste en faisant référence à la lettre que ce Président avait écrit à son homologue Burundais Pierre Nkurunzinza il y a plus des huit ans.

En réponse à Simon Kururu,  Aloys Batungwanayo affirme que la commission a consulté presque toutes les sources nécessaires jusqu’en Tanzanie et ont confirmé que lorsque le Président Micombero parlait de Mayi Mulele, il voulait dire les bahutu tout simplement.

Micombero a organisé des rondes nocturnes partout dans le pays, avec un message clair : «  vous organisez les rondes, vous mettez des barrières, pour contrer l’avancée des Mayi Mulele » et les personnes qui étaient arrêtées n’étaient que des bahutu, dit-il.

« Seule la vérité nous rendra libre », le message repris par plusieurs intervenants dans la salle et résumé par le Président de la CVR Pierre Claver Ndayicariye qui a clôturé les échanges en demandant à ses concitoyens d’intérioriser en eux l’esprit de « l’empathie ».

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Freddy Bin Sengi

 

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