Le pays est plutôt habitué à la bière industrielle comme les célèbres Flag ou Gazelle qui dominent le marché avec leurs prix bas. Ces deux dernières années, deux micro-brasseries ont lancé leurs bières artisanales faites maison, ouvrant les portes d’un nouveau marché à fort potentiel.
Dans une pièce où trônent trois cuves en inox de 500 litres, des moteurs ronronnent toute la matinée : « C’est du malt d’orge, les grains sont en train d’être infusés. »
C’est dans cette micro-brasserie artisanale, Gecko, installée à 70 kilomètres au sud de Dakar, que Sébastien Flachs fabrique la première bière artisanale sénégalaise depuis près de deux ans : « Nos clients, c’est de plus en plus les Sénégalais qui la goûtent et l’apprécient, mais à la base c’était quand même des expatriés ou les touristes. On distribue aux gens qui viennent à la brasserie, sinon dans les bars-restaurants, mais aussi sur les sites internet. »
Avec une production 8 à 10 000 bouteilles par mois, la brasserie du Gecko propose une bière locale et originale, produite avec des matières premières importées, mais à un prix accessible. Et le marché est prometteur selon Sébastien Flachs : « Il y a un investissement prévu, mais il faut le temps. En plus, le Covid a tout compliqué. On va se développer, tout en restant dans un processus artisanal, mais pas de façon industrielle pour la fermentation et pour embouteiller. On ne peut pas dépasser les 15 000 bouteilles, on sera à saturation. »
« Rappeler les saveurs du Sénégal et d’Afrique de l’Ouest en général »
La maison Kalao, elle, a choisi de brasser trois bières faites à partir de gingembre, de riz et de mil sénégalais, ainsi que du houblon sud-africain. Des produits principalement issus d’une agriculture locale et responsable, précise Raphaël Hilarion, fondateur de la très récente brasserie : « L’idée, c’était de créer une recette sénégalaise en valorisant les céréales locales. L’idée, c’était de rappeler les saveurs du Sénégal et d’Afrique de l’Ouest en général. Si j’ai utilisé du riz, c’est pour avoir une bière plus légère et adaptée au climat local. »
Victor Gondry a lancé la marque de bière Bono en janvier dernier. Il a préféré commencer par importer une bière artisanale belge uniquement vendue au Sénégal : « De faire une brasserie directement, c’était un gros investissement. On n’était pas sûr du marché et du coup, un an plus tard, on se rend compte qu’il y a un marché, mais qui reste restreint pour le type de produit qu’on propose, soit une bière importée et donc plus chère. »
Sur le long terme, l’idée est de tester la Bono dans d’autres pays de la sous-région, avant d’ouvrir une brasserie artisanale au Sénégal ou ailleurs.