Selon plusieurs sources fiables, le Rwanda ne connaît actuellement aucune rébellion sur son territoire. Cette conclusion fait suite à une enquête approfondie menée sur place par JA, dans le but de clarifier les rumeurs concernant la création d’un groupe rebelle appelé Bora, qui aurait pris le contrôle des villes de Byumba et Gisenyi.
Le vendredi 26 octobre, des informations ont circulé sur les réseaux sociaux faisant état de la chute des villes de Byumba et Gisenyi, au Rwanda. Ces rumeurs ont été largement relayées par Ludovick Ngoy Milambo sur son compte X, où il a été le premier à alerter sur l’avancée des rebelles Bora vers Kigali, la capitale rwandaise.
Ludovick Ngoy Milambo, analyste politique et communicateur, a publié un message concernant la sécurité du pays : « #Kigali encerclée ce matin par les rebelles #BORA. Selon le chef du mouvement, #Franck_Habineza, Kagame peut déjà compter ses heures. Nous avons pris la ville de #Byumba, au nord de Kigali. Plusieurs soldats et civils rwandais ont été tués, et d’autres fuient la ville. »
Le lendemain, samedi 27 octobre, Ngoy Milambo annonçait que les rebelles progressaient sans relâche vers Kigali, ce qui a incité JA à mener une enquête plus approfondie pour vérifier ces informations.
« #Rwanda : #Kigali en danger après la prise de la ville de Byumba, située au sud de la capitale. Le Rwanda renforce la sécurité de son aéroport avec un système de détection de drones développé par la société française Cerbair. Pendant ce temps, les rebelles #BORA continuent leur avancée. »
Une rumeur qui suscite des réactions
Ces informations ont rapidement déclenché une série de réactions sur les réseaux sociaux, notamment dans la région des Grands Lacs. En réponse aux publications de M. Milambo, Kalungero Philemon, analyste en sécurité et notable de la RDC, a exprimé des doutes sur la véracité de ces nouvelles et a demandé des précisions :
« Donnez plus de détails sur cette rumeur, sinon vous avez juste diffusé une information sur votre propre compte, sans aucune confirmation ailleurs. Eclairez-nous, s’il vous plaît. »
De son côté, Basabanya Olivier, un jeune Rwandais, a réagi en prenant à partie l’analyste, précisant qu’il se trouvait dans l’une des localités mentionnées par Milambo : « Tu te contentes d’imaginer des choses et tu publies. Moi, je suis à Gisenyi. »
Jérémy Adeba, un autre Rwandais, a également réagi dans le même sens, signalant qu’il n’y avait rien d’anormal à Gisenyi : « Je suis à Gisenyi, rien à signaler… »
Une fausse alerte relayée sur les réseaux sociaux
Afin de vérifier ces informations, la rédaction de JA a consulté plusieurs médias locaux et internationaux. Sur le plan national, aucun média rwandais n’a rapporté d’attaque rebelle. À l’international, aucun grand n’a confirmé ces allégations.
Grâce à l’utilisation de Google Lens, nous avons pu retracer l’origine des images diffusées afin de mieux informer le public.
Frank Habineza, prétendu chef de la rébellion Bora, est en réalité député et fondateur du Parti vert démocratique, le seul parti d’opposition autorisé à Kigali. L’image de Habineza, prise par l’AFP, date du 29 janvier 2024.
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Quant aux images d’enfants diffusées dans ces publications, il s’agit de jeunes réfugiés rwandais en 1994, demandant aux soldats congolais (de l’ex-Zaïre) de les laisser traverser un pont séparant le Rwanda du Congo, après que leurs mères l’ont franchi avant la fermeture de la frontière. Ces photos ont été prises par AP/Jean-Marc Bouju en août 1994.
Malgré plusieurs tentatives de contact de la part de JA, aucune réponse n’a été reçue des autorités rwandaises, notamment de son porte-parole Yolande Makolo et de son adjoint Alain Mukuralinda, concernant cette affaire.