Un métis est par définition un individu né de parents d’ethnies ou de races différentes (selon le dictionnaire Larousse). En République démocratique du Congo, on pourrait ajouter à cette définition, l’aspect nationalité. Ici, vous êtes donc métis, non seulement par la couleur de votre peau, mais aussi si l’un de vos parents ne possède pas la nationalité congolaise. Jusque-là il règne une harmonie relative entre les congolais métis et leurs compatriotes non métis appelés désormais les « de père et de mère ».
Mais le problème est que, une proposition de loi tendant à priver aux métis plusieurs postes de responsabilité, commence à diviser progressivement les congolais jusque-là unis en un seul corps. La RDC est un pays partageant ses frontières avec 9 voisins, il ne serait donc pas étonnant de trouver un nombre assez élevé des métis dans ce pays continent. Cette proposition de loi est-elle nécessaire ? Qui en sont les initiateurs ? Quelles sont leurs motivations ? Quelles en sont les avantages et les inconvénients ? Dans les paragraphes qui vont suivre, nous allons essayer de répondre à ces questions !
La nationalité selon la constitution
La nationalité congolaise est une et indivisible selon la constitution. Selon toujours le même texte régissant le pays, l’unité de la nationalité congolaise découle de l’unité et de l’indivisibilité de l’État congolais. Il est donc anticonstitutionnel de prétendre être congolais quand vous avez une autre nationalité. Soit vous êtes congolais soit vous ne l’êtes pas ! À la question de savoir si la proposition de loi excluant les métis de certains postes de responsabilités publiques, la réponse est à votre portée après lecture des paragraphes suivants !
Monsieur Noel Kabamba Tshiani Muadianvita, homme politique congolais né en 1957 à Ngandajika dans l’ex province du Kasaï-Oriental et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 et candidat à la présidentielle de 2023, est le concepteur de la dite loi « de père et de mère » qui exclut les métis des certains postes stratégiques dont celui de président de la république.
Depuis le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo est dirigée par les congolais dits « de père et de mère ». Il est clair que le conflit entre Patrice Emery Lumumba et Joseph Kasavubu était bel et bien un conflit entre les « de père et de mère », le conflit entre le président Mobutu et le rebelle L.D Kabila avant 1996, était bien un conflit entre deux zaïrois « de père et de mère ». Si le candidat Noel Tshiani justifie sa proposition de loi par la nécessité de sauvegarder la souveraineté nationale devrait relire les grandes lignes de l’histoire politique ainsi que la géographie du pays avant de proposer une division dangereuse des congolais. La question de la préservation de la souveraineté nationale est une préoccupation de tous les congolais sans exclusion. Plusieurs des métis engagés au front ont versé de leur sang pour la préservation de la souveraineté du pays, qu’est-ce qu’il en faut de plus pour qu’ils soient congolais à part entière ?
Les avantages et inconvénients de loi « de père et de mère »
Préserver la souveraineté nationale par la sélection d’une catégorie des congolais sur base de leurs origines familiales, aura l’avantage sur le plan de la forme, c’est-à-dire le pays est représenté par des congolais choisis parce que leurs parents sont tous congolais. Sur le plan du fond, cette sélection n’est pas un indicateur du patriotisme, car les antivaleurs ou les actes de trahison nationale, n’ont pas de couleur de peau ni de nationalité.
Malheureusement, cette proposition de loi a par sa nature, fait couler beaucoup d’encre et de salive et l’auteur a fait mine de consulter l’article 13 de la constitution qui stipule: « aucun congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique ».
Nous venons de faire une petite analyse critique sur la proposition de loi excluant les métis des certaines responsabilités publiques en République démocratique du Congo, les avantages et les inconvénients, les auteurs ainsi que leurs motivations. Par conclusion, nous avons constaté que cette proposition de loi est en désaccord avec l’article 13 de la constitution du pays qui plaide pour l’égalité de tous les congolais sans discrimination. Cette proposition de loi est donc anticonstitutionnelle.