SOCIETE

Le mariage des enfants ; un mal à éradiquer

By LE JOURNAL.AFRICA

December 10, 2021

Jusqu’ en 2020, seulement 23% des pays africains avaient des lois réglementant le mariage. En Afrique, 15% des pays ont adopté des lois criminalisant le mariage forcé. Aussi, 10% de ces pays ont fixé 18 ans comme un âge minimum de mariage. Certaines sociétés restent écrouées dans la mafia traditionnelle, créant des problèmes sanitaires graves.

En la lumière de la convention sur l’esclavage (1956), si une femme n’a pas droit de décider avec qui elle se marie, c’est l’esclavage. Selon les études de l’Unicef, l’Afrique de l’ouest et centrale sont les principales contrées concernées par le mariage forcé d’enfants. Les pays comme le Niger, la République Centrafricaine, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée remportent le record mondial dans les mariages forcés.

Selon Save the Children (Stacked odds), la Somalie et le Soudan sont des pays africains qui n’ont ratifié aucune convention visant l’éradication du mariage précoce. Marier un enfant, comme marier un adulte, il n’y a pas de cadre réglementaire. C’est du mariage libre, ignorant les adolescent(e)s qui n’ont pas encore de la maturité de décision.

Mariage forcé, une mafia traditionnelle

Parmi les maux qui hantent le continent, le mariage forcé n’est pas à oublier. Mais, dans certains pays africains, cette pratique ignoble semble être institutionnalisée.  Au nord-est de l’Ethiopie, on fait le “telefa”. Par cette pratique, un homme kidnappe, cache et viole une fille, afin de pouvoir prétendre au mariage en tant que père de l’enfant à naître.

En Afrique du Sud, il y a l’ “ukuthwala”, une pratique par laquelle un homme kidnappe une fille ou une jeune femme avec l’intention d’obliger la famille de cette dernière à approuver sa demande en mariage.

Le mariage forcé est aussi pratiqué au Ghana, au Bénin et au Togo, par le biais du « trokosi ». On offre une jeune fille vierge à un prêtre local pour obtenir “le pardon divin” quand un membre de la famille, souvent un homme, commet un crime. Dans bien d’autres pays, si une fille violée tombe enceinte, elle est obligée de marier son violeur, pour sauver “l’honneur de sa famille”. Entre son honneur et sa fille, la famille choisit l’honneur, et rejette sa fille à un prédateur.

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Union illégale, menace à la santé sexuelle et reproductive

Les mariages des enfants ne constituent pas seulement une violation des droits de l’Homme, ils sont aussi un problème sanitaire. Le mariage précoce est la principale cause de la mortalité maternelle. 

“Les complications de la grossesse et de l’accouchement sont les causes principales de décès chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans dans les pays à revenu faible et intermédiaire, entraînant des milliers de décès chaque année. Le risque de mortalité maternelle est plus élevé pour les adolescentes, particulièrement celles âgées de moins de 15 ans,…” ( UNFPA)

De plus, les grossesses d’adolescentes mettent les nouveau-nés en danger. Plus jeune est la mère, plus grand est le danger pour le bébé. Les décès survenus durant le premier mois de vie sont, selon l’UNFPA, plus fréquents si la mère est une adolescente que si elle est plus âgée. 

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne?

Le mariage précoce est une criminalité et la loi doit y être sévère. Save the Children voit qu’en plus de criminaliser ce mariage, il faut que la victime trouve des facilités juridiques. Les communautés doivent surtout arrêter la discrimination des “enfants-mères”.

Dans la lutte contre le mariage des enfants, l’éducation a un rôle majeur. Une éducation communautaire vaut mieux que l’éducation scolaire. Les communautés doivent être informés sur les conséquences du mariage précoce. Cette sensibilisation devrait commencer par des enfants, filles et garçons dès leur bas âge.

De plus, les jeunes femmes doivent également être sensibilisées sur leurs droits. Des campagnes qui dénoncent les mariages des enfants devraient être organisées au sein des communautés. Tout le monde doit comprendre que ce mariage est une contrefaçon et agir conséquemment.

Le mariage forcé ou précoce n’est pas une tragédie purement africaine. Dans le monde, les 15 millions d’adolescentes ayant l’âge compris entre 15 et 19 ans, affirment avoir fait du sexe forcé au moins une fois dans leur vie. Seulement 15 sur 188 pays fixent l’âge de mariage à 18 ans et 52 criminalisent le mariage forcé. Pour gagner la bataille contre le mariage des enfants, aucun gouvernement ne devrait le tolérer.

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Eric Niyoyitungira