SOCIETE

Goma : Plus de limites pour les personnes vivant avec handicap

By LE JOURNAL.AFRICA

December 07, 2021

Comme chaque 3 décembre depuis 1992, le monde célèbre la journée internationale des personnes vivant avec handicap. A Goma, deux photographes ont brisés les barrières psychologiques et sociales des personnes vivant avec un handicap physique. Une exposition qui sort de l’ordinaire accompagnée des témoignages a  démontrée qu’ils sont aptes à plusieurs travaux pratiques.

Au stade paralympique de Goma, Arlette BASHIZI et Moses SAWASAWA du collectif Goma Œil, regroupant des jeunes photographes et vidéastes congolais, ont exposés des tableaux des personnes vivant avec un handicap. Ils montrent la bravoure et le courage de ces personnes malgré qu’elles soient à plusieurs reprises et en diverses circonstances marginalisées au sein de la société.

Pour Arlette BASHIZI, l’inspiration derrière ses photographies est de révéler au monde de quoi les personnes vivant avec un handicap sont capable. Bien au-delà de leur marginalisation, de la perception de la société vis-à-vis de cette catégorie de personnes. Aujourd’hui, à Goma, sur le  plan professionnel les handicapés physiques s’en sortent de mieux en mieux.

« La perception que la communauté a, que moi j’avais auparavant c’était une perception erronée. Voilà pourquoi nous avons commencé à travailler sur ce projet afin de documenter le quotidien des personnes vivant avec un handicap en ayant un focus sur leur vie professionnelle. Nous attendons de cette exposition que les habitants de la ville de Goma puissent voir les œuvres produites par les personnes vivant avec un handicap et de les amener à remettre en question ce qu’ils ont comme perception de ces braves personnes » ; explique mademoiselle BASHIZI.

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Sans limites…

Laurène MELODIE, faisant carrière dans la musique et pratiquante du basket-ball amateur, est l’une des victimes de la discrimination sociale. Depuis son jeune âge, elle a été mise à l’écart à cause de son handicap.

« J’ai mené une enfance et une adolescence difficile suite à mon handicap. J’ai vécu beaucoup de discrimination dans la société et ça faisait que je manque de confiance en moi. Ça ma pris beaucoup d’années pour arriver à comprendre mon état d’handicap comme n’étant pas une faiblesse mais plutôt une différence » ; témoigne-t-elle

Révoltée après avoir assisté à maintes reprises comment les personnes handicapées qui quémandent sont maltraités, la musique de Laurène MELODIE dénonce les injustices sociales auxquelles les personnes comme elle font face. «  Tout a changé un après-midi quand je me dirigeais dans un hôpital et à la porte j’avais trouvé une handicapée en train de se faire injurier parce qu’elle mendiait.  J’ai alors compris que je pouvais utiliser mon talent de musique comme arme pour exprimer toutes ces discriminations et injustices sociales auxquelles font face ces personnes, également sensibiliser mes pairs à se valoriser .» ; martèle MELODIE.

Jonathan KAMBALE quant lui, il est victime de la barbarie humaine des groupes armés qui pullulent au Nord-Kivu. Chauffeur depuis son jeune âge, il est maintenant père de famille. KAMBALE avait été amputé de ses jambes après avoir reçu cinq balles sur la route Goma-Rutshuru. Après plusieurs années de souffrance et de manque d’adaptation dans la communauté, il est arrivé à accepter son handicap qui ne constitue plus pour lui une limite sur plan professionnel.

« Je crois qu’il y a une grande différence entre devenir handicapé dans un âge adulte et naître avec un handicap.  Mais au fur et à mesure que nous évoluons avec d’autres personnes vivant avec un handicap, nous comprenons progressivement ce que nous sommes. C’est la vie et on doit s’adapter et aller de l’avant.  Aujourd’hui j’apprends à reconstruire ma vie à nouveau.  J’ai appris à fabriquer des chaussures, des ceintures de portes-feuilles, et aujourd’hui je peux dire que c’est la seule source de revenus qui me permet de nourrir ma famille» ; confie-t-il.

Cette exposition va se poursuivre dans les rues de Goma et ses environs, en   itinérance jusqu’au 17 décembre,  jour du décrochage à l’Institut Supérieur de Commerce (ISC-GOMA).

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Augustin Sadiki