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« Le hooliganisme ? L’éjaculation des salariés »

Réalisateur iconoclaste et inclassable, Jean-Pierre Mocky, décédé jeudi à l’âge de 86 ans, aura été l’un des rares à porter avec talent le football à l’écran dans le savoureux et à la fois visionnaire « A mort l’arbitre !» en 1983. Il y a à l’époque quelque chose d’éminemment visionnaire dans « A mort l’arbitre ! », qui traite de la violence des supporters dans le monde du football. Nous sommes en 1983, lorsque Jean-Pierre Mocky, cinéaste irrévérencieux et franc-tireur, qui nous a quittés jeudi à l’âge de 90 ans, choisit d’adapter « The Death Penalty » (« le penalty de la mort »), un polar signé du Britannique Alfred Draper et tiré de faits réels, survenus en Angleterre, lorsqu’à la fin d’un match de football, des supporters mutilèrent un arbitre, dont ils contestaient le verdict. Là où tant d’autres ont échoué à porter sur grand écran la chose footballistique,  Mocky, à l’instar de l’excellent « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud , appréhende le ballon rond, qu’il a taquiné au lycée au poste de gardien de but, en tant que fait de société. Deux ans avant la tragédie du Heysel, qui à Bruxelles, le 29 mai 1985, au soir de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, causera la mort de trente-neuf personnes,C’est sous les traits d’Eddy Mitchell, l’arbitre, et Michel Serrault, le supporter qui n’hésite pas à engager une chasse à l’homme meurtrière et sanglante contre l’homme en noir, au seul prétexte que celui-ci a sifflé un penalty contre son équipe, que le réalisateur colérique et décalé campe son long-métrage. Dont l’essence pourrait se résumer à cette déclaration faite dans les colonnes de L’Equipe en mai 2015 : « Le hooliganisme, j’appelle ça l’éjaculation des salariés. Après s’être fait engueuler toute la semaine par leur patron, les mecs explosent brusquement le soir de match. » Visionnaire, vous dit-on, et à voir ou revoir…

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