SOCIETE

Expressions colériques: quand le langage assassine l’avenir de l’enfant

By LE JOURNAL.AFRICA

May 10, 2022

Au Burundi, ce langage est plus courant. «Toi tu es vraiment bidon», «Tu ne feras rien dans ta vie» si j’avais su, je n’aurais pas eu d’enfant», « de toute façon, tu as toujours été beaucoup plus lent que ton frère». Sous une pression colérique, les parents lancent souvent des mots pareils sur les enfants. Par conséquent, ces langages assassinent la confiance des enfants et leur estime de soi.

La responsabilité est directement rattachée aux parents, afin d’apprendre à gérer leurs émotions, et à comprendre les enfants pour les accompagner. Selon la SOJPAE, ce mauvais langage ouvre l’espace aux conflits entre parents et enfants. Plus tard, ces conflits engendrent des vengeances interminables dans la famille.

L’enfant peut avoir raison de ne pas faire ce que son parent lui a dit à cause d’un danger qu’il a vu, voire même qu’il n’a pas eu le temps ou parce que ce travail est fatigant”, explique David Ninganza, directeur du centre de protection de l’enfant à la SOJPAE-Burundi. C’est horrible qu’un parent se mette à injurier l’enfant, lui proférer des mots menaçants sans toutefois l’écouter,   après avoir constaté que l’enfant n’a pas fait ce qui lui a été demandé de faire, dit D. Ninganza.

Qu’est-ce qui fait que les parents daignent utiliser ce langage?

Pacifique Bizimana, père de 4 enfants, explique que les parents disent souvent ces phrases parce que ça fait partie de l’éducation burundaise. D’après lui, l’éducation burundaise est conçue comme ça. Les parents doivent corriger leurs enfants et même jusqu’ à les frapper si c’est nécessaire. “ Natwe niko twarezwe” ( Nous aussi avons été  ainsi éduqués), dit-il.

Avec Denise Hicintuka, veuve et mère de 3 enfants, précise que les parents profèrent ces mots blessants à cause de la fatigue ou même de la colère qu’ils éprouvent parfois lorsqu’ils voient des fautes que les enfants font. C’est une façon de leur montrer à quel niveau ils (parents) ne sont pas d’accord avec eux, souligne Hicintuka.

Pour Mireille Kaze, mère de 2 enfants, ce sont les émotions que les parents n’arrivent pas à contrôler et qui les poussent à prononcer ces phrases. “C’est gênant de voir un enfant qui répète chaque fois les mêmes fautes. on est obligé de les menacer pour voir s’ils peuvent avoir conscience d’arrêter leurs bêtises”, renchérit Kaze.

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A tort, les parents injurient leurs enfants

“Le cerveau des enfants de 0 à 6 ans n’est pas réceptif à ces phrases, ne les comprend pas et les intègre de manière négative, ce qui peut avoir un impact sur l’estime de soi, a dit Sarah Dukhan, la coordinatrice de l’association Zéro déchet à Tahiti (une île de la Polynésie française).

“Il faut que l’enfant soit protégé contre toute sorte de violence y compris les violences éducatives émanant de ses propres parents” dit David Ninganza, directeur du centre de protection de l’enfant et chef du programme protection, prévention et plaidoyer à la SOJPAE-Burundi. Il précise en outre que la constitution de la république et le code de la famille punissent ce genre de violences.

 Des injures affectent la psychologie de l’enfant

Devant le micro du Journal.Africa, D. Ninganza révèle que les gros mots proférés à un enfant par son parent conduisent ce dernier à perdre de la confiance en soi et en son avenir. Ces enfants qui sont souvent injuriés par leurs parents, perdent parfois de l’affection, dit-il. La situation peut s’aggraver lorsque les enseignants des écoles répètent les mêmes mots pour l’enfant, ajoute Ninganza.

David Ninganza martèle qu’il est important que les Burundais changent de mentalité sur ce sujet. Les familles burundaises devraient inculquer la notion de dialogue entre les parents et les enfants parce que ceci va aider les parents à gérer les émotions, colères. Ce dialogue va permettre aux enfants de parler librement devant leurs parents sur tout ce qui ne va pas à l’école ou même demande des conseils en grandissant pour bien vivre en paix.

Signalons qu’au Burundi, le code de protection de l’enfant élaboré il y a 4 ans n’a pas été encore ratifié.

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Blandon Uwamahoro