DIPLOMATIE

Coopération bilatérale entre la RDC et les autres pays : La Chine veut se mettre en tête

By POLITICO CD

April 12, 2022

Le journaliste d’investigation, Eidge Mandala a expliqué, dans une interview accordée à la presse sur le développement des pays du sud que la République populaire de Chine « gagne de plus en plus de crédibilité sur le plan international car elle respecte ses engagements pris avec ses partenaires et par la consolidation de ses amitiés entre Etats ». Ceci, d’après lui, « permettrait un développement harmonieux si tous les pays en prenaient comme exemple ».

Il a, en outre, indiqué qu’en République démocratique du Congo (RDC) où la Chine est très active avec multiples projets en cours, le respect des engagements pris entre les deux parties, est une voie rapide vers le développement du pays et ceci même, sur base du principe de continuité de l’Etat.

Eidge Mandala qui a également pris exemple sur la Chine qui est en train d’ériger un complexe culturel, initié sous l’ex Président Joseph Kabila et poursuivi sous Félix Tshisekedi, actuel Président de la République, a estimé que ce complexe culturel serait déjà classé parmi le plus grand et le plus moderne d’Afrique Centrale.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, dans les provinces du pays ainsi que dans la capitale Kinshasa, l’entreprise chinoise CREC-7 préfinance certains travaux du Programme Tshilejelu initié par le Président Félix Tshisekedi. Une façon pour la Chine de montrer son souci d’accompagner le gouvernement de la RDC dans la matérialisation de son programme d’action.

Ce journaliste a aussi fait savoir qu’au cours de ces 15 dernières années, comptant les voiries urbaines, les routes interprovinciales, les installations aéroportuaires, les centrales hydroélectriques, les usines de traitement d’eau, la Chine reste le meilleur partenaire de la RDC jamais inégalée en matière de construction des infrastructures. Rompre avec la Chine serait une grande perte pour la RDC. Car, même les sauts-de-mouton livrés à temps sont ceux qui étaient aménagés par les entreprises chinoises.

Il a cependant précisé qu’il y a lieu de réaliser que depuis 2008, année de signature du contrat sino-congolais, toute l’Union européenne (UE) et toute l’Amérique du Nord (moins le Mexique) réunies n’ont pas construit autant d’infrastructures que les Chinois au cours de ces 15 dernières années.

Premiers investissements chinois

Le journaliste indépendant d’investigation, Eidge Mandala, a par ailleurs rappelé qu’à l’accession du Congo belge à l’indépendance, l’Occident ne voulait pas de la présence chinoise ni soviétique (russe) sur le territoire qu’il considérait comme sa chasse gardée. Selon lui, ceci est suivi par l’assassinat, en 1961, du Premier ministre Patrice-Emery Lumumba soupçonné à tort d’être de mèche avec le communisme. Un assassinat qui serait selon les rumeurs, perpétré avec le concours de Joseph Mobutu, avant d’indiquer que ce dernier une fois devenu Président de la République en 1965, tendra la main à la Chine communiste de Mao Tsé Toung.

Le journaliste a poursuivi, citant le quotidien français Le Monde, que lorsque le Maréchal Mobutu ait été reçu à l’Elysée par Giscard d’Estaing le 10 juin 1977, il avait réservé aux médias une réponse audacieuse à la question « Que pensez-vous de l’attitude de la Chine à l’égard de votre pays ? ».

« Depuis janvier 1973, c’est-à-dire depuis le début des relations sino-zaïroises, jamais le gouvernement de Pékin ne s’est ingéré en aucune façon dans nos affaires internes. L’aide de la Chine est non seulement la plus directe et la plus efficace, mais c’est aussi celle que je crois la plus totalement dénuée de calcul. Dès le début de la crise du Shaba, un avion spécial nous a amené 40 tonnes de matériel divers… Actuellement, deux navires chinois sont attendus dans le port zaïrois de Matadi… En moins de quatre ans, les résultats de la coopération avec la Chine sont spectaculaires, et, au seul titre du développement agricole, plus de sept cents experts chinois travaillent au Zaïre… », a-t-il cité.

M. Ndala a encore rappelé que les premiers investissements chinois vont se faire dans la construction des édifices comme le Palais du Peuple entre 1975 et 1979 (pour un coût de 42.300.000 USD transformé d’ailleurs en don en 1983) et le stade des Martyrs entre 1988 et octobre 1993, tout comme dans l’agriculture (riz et légumes) ainsi que dans la santé (acupuncture).

Il a fallu attendre 35 ans pour voir la Chine opérer dans le secteur minier en RDC

Eidge Ndala a, encore, précisé, dans extrait de son intervention, qu’il a fallu attendre 35 ans (1973-2008) pour voir la Chine opérer pour la première fois dans l’exploitation minière en contrepartie des infrastructures de base notamment dans les voies de communication routières et aériennes, des usines de production d’eau, des centrales hydroélectriques, des complexes hospitaliers, des établissements d’enseignement et des cités résidentielles,

Depuis les années 1990, l’Occident n’a plus investi véritablement et totalement dans ces infrastructures. Ses interventions relèvent plus de l’aide humanitaire que de l’aide au développement pendant qu’il est établi que l’humanitaire ne favorise pas la construction ni la reconstruction du pays. Même quand cela arrive, l’aménagement des voies de communication en RDC est assuré par des entreprises chinoises au nombre desquelles, du reste, celles identifiées dans le contrat sino-congolais, a-t-il indiqué.

Il a enfin souligné que les 35 ans d’attente de la Chine avant l’exploitation minière ne sont déjà rien par rapport aux 100 ans (1908-2008) au cours desquels les puissances occidentales ont exploité seules les minerais du Congo. Si elles avaient quelque considération pour les Congolais, ces puissances auraient dû publier les statistiques des produits miniers exploités un siècle durant et déclarer à l’ITIE, juste pour sa documentation, les versements effectués aux différents régimes qui se sont succédé au pays.

La RDC gagnerait en crédibilité

Toujours dans ses reflexions, pour le journaliste Mandala, la fixation faite aujourd’hui sur le contrat sino-congolais a quelque chose de discriminatoire, établissant le moindre effort des Congolais à négocier des engagements financiers pour le développement de leur pays en termes d’infrastructures de base, cela en contrepartie des ressources naturelles congolaises.

Ainsi, a-t-il ajouté, il revient à la RDC d’en faire ce qu’il veut de ses richesses, d’en vendre à son prix et d’en donner à qui il veut. Car l’or du Congo est pour le Congo, la chikwangue du Congo est pour le Congo, les eaux du Congo sont pour le Congo, le café du Congo est pour le Congo, le coltan du Congo est pour le Congo, le cobalt du Congo est pour le Congo, le bois du Congo est pour le Congo, le diamant du Congo est pour le Congo, la rumba du Congo est pour le Congo, l’uranium du Congo est pour le Congo.

Il a aussi laissé attendre que l’on peut aujourd’hui faire toutes les reproches aux négociateurs congolais du contrat sino-congolais, voire les soupçonner d’exiger pour eux la potence au motif de n’avoir pas défendu les intérêts du pays. On peut coller aux négociateurs chinois toutes les épithètes possibles. Mais est-ce une raison pour développer la « chinophobie » en cours au motif simpliste de cultiver l’ « occidentophilie » alors qu’en Occident, la Chine passe pour un partenaire crédible et sérieux?, s’est-il exprimé.

D’après lui, il est important de souligner que la Chine est devenue le plus grand investisseur au monde dans bon nombre d’Etats d’Europe et d’Amérique. Même en Afrique, des pays réputés francophones comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Congo-Brazzaville, de même que des pays réputés anglophones, cas du Nigéria, du Ghana ou du Kenya, entretiennent de bonnes relations avec l’Occident sans pour autant verser dans la chinophobie ! C’est seulement au Congo ex-belge qu’on se singularise par la politique de balançoire. Ainsi, la RDC gagnerait en crédibilité en sachant consolider tous les engagements pris avec les partenaires, cela au nom du principe sacré de la nation de continuité de l’Etat, a-t-il poursuivi.

Stéphie MUKINZI M