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Droits de l'Homme POLITIQUE

Burundi: UPRONA rejette sa responsabilité des crimes de 1972-1973

La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) affirme que le parti UPRONA avait participé aux crimes qu’a connu le Burundi de 1972-1973. En réponse, le parti au pouvoir de l’époque, nie catégoriquement son implication dans les violations des droits de l’homme au pays sous son régime. Cependant, il propose une analyse minutieuse des faits.

Dans une réunion de la CVR et le parti UPRONA de ce 8 septembre 2022 en Mairie de Bujumbura, les deux parties se disent des vérités. Certainement en 1972-1973, le pays a connu une période des violations des droits humains. Le sang a coulé sur toute l’étendue du pays, et endeuillé toutes formes de tueries, crimes et massacres. Cependant la CVR est en quête de la vérité et de la réconciliation, car cette question est au cœur de la politique du pays.

D’après le président de la CVR, Pierre Claver Ndayicariye, la mission de la réconciliation implique tout le monde. L’UPRONA doit comprendre la douleur et la souffrance des familles des victimes. Mais aussi pour que le processus de la guérison nationale soit une réussite, il faudrait bien que tout un chacun porte la douleur de l’autre.

« Le parti UPRONA apprécie l’effort du gouvernement du Burundi de chercher à établir la vérité sur les évènements qui ont endeuillé le peuple burundais, l’empêchant de jouir des bienfaits d’un développement harmonieux. Néanmoins, en lisant le rapport de la CVR sur la qualification des violations graves des droits de l’Homme : 1972-1973, des lacunes méthodologiques, des affirmations gratuites, des occultations et ou déformation des faits font du rapport un document non crédible. L’UPRONA n’acceptera jamais des accusations injustes qui présentent le parti comme responsable des violations des droits de l’Homme qu’a connu le pays de cette époque », a déclaré Olivier Nkurunziza, le président de l’UPRONA

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Sur base de quoi le parti refuse ?

Alors, pour refuser d’avoir participé dans les violations des droits de l’Homme, crimes, tueries et massacres au pays de cette époque, le parti se penche sur certains effets.

D’après Olivier, si l’UPRONA était un parti-État, comment se fait-il que les membres de la direction soient tués alors que ce sont eux qui auraient dû prendre des décisions au nom du parti? Il a fait référence aux trois cadres Hutu du parti qui ont été tué en 1972. Notamment le secrétaire exécutif suppléant, Grégoire Ndikumana, le secrétaire suppléant adjoint Pierre Mpozenzi ainsi que Cyprien Baranzitsa.  Selon lui cela explique que le parti était même incapable de protéger ses cadres que par conséquent la clé de la décision se trouvait ailleurs. Le parti était dans la poche d’un seul homme, Michel Micombero.

Légalement, M. Olivier a précisé que l’UPRONA n’était pas un parti-État et qu’il n’était pas impliqué dans la prise des décisions politiques de cette époque. Il a précisé cela en évoquant qu’entre 1966 et 1974, il n’y avait pas de constitution pour instituer l’UPRONA comme parti-État.

Pendant cette même période, il a signalé qu’il n’y a pas eu de congrès du parti et il n’y avait pas de comité central du parti. Sauf qu’entre 1969 et 1972, la direction nationale du parti était le seul organe qui assurait les affaires courantes. Et cette dernière était dirigée par un hutu appelé le commandant Ndayahoze. Il a aussi souligné que pendant cette période de crise le parti n’avait pas de structure dirigeant et il n’avait pas également de structure provinciale du parti.

Selon la Commission, les membres du gouvernement et des institutions publiques étaient en totalité membres du parti UPRONA. Cette Commission a constaté que certains militants de l’UPRONA ont été aussi victimes des violations des droits humains.

Le bilan actuel des exhumations des victimes de 1972-1973 s’élève à 22.845 victimes exhumées dans 220 fausses communes partout sur le territoire national du Burundi. Toutefois la CVR n’est pas un mécanisme judiciaire de justice transitionnelle. Par contre, elle est une Commission à la recherche de la vérité et de la réconciliation.

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Willy Muhindo

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